1 an sans shopping et notre relation au désir
Bonjour à toi chatoyante châtaigne,
Depuis quelques semaines je suis un challenge guidé pour approfondir mon écriture, autour des éléments d’une histoire : personnage, lieu, désirs, voix, images… Chaque semaine il y a un long essai d’introduction, suivi d’une proposition d’exercice, et la possibilité de poster dans les commentaires un résultat de maximum 100 mots. D’ailleurs si certain·es en ont envie, c’est un format que j’aimerais bien proposer ici dans cette newsletter, dites-moi si ça pourrait vous chauffer de faire ça ensemble ?
La semaine dernière, on explorait le thème du désir. D’abord le notre, puis celui de nos personnages. Un personnage qui n’a pas de désirs (conscients ou inconscients) ne va nulle part. On n’a pas envie de connaître son histoire. Un personnage qui veut quelque chose et fait le contraire, ou qui résiste à son désir (lectrices de romance hello!), là, on veut passer du temps avec lui/elle.
Donc aujourd’hui, on va explorer le désir ensemble.
Avant d’aller plus loin, je te propose de prendre un temps pour laisser monter les images, les sensations, les mots que tu associes au désir.
C’est quoi pour toi, le désir ? Ça fait venir quels genres de vocabulaire, de textures, d’émotions… ?
Le mot arrive déjà avec tout un wagon de vécu et de conditionnements qui changent d’une personne à l’autre. Qu’est-ce qui se passe si tu prends déjà le temps de regarder tout ça ?
Le désir est irrationnel, contradictoire et il se fout de la possibilité d’être réalisé
On pourrait avoir l’impression que notre société encourage le désir : il est difficile de tourner la tête ou d’allumer la radio, le téléphone sans qu’on nous souffle des idées sur tout ce qu’on pourrait désirer et comment ça rendrait notre vie meilleure.
Mais tous ces désirs publicisés et fabriqués viennent avec une agitation, une sensation de manque. C’est à ça qu’on peut reconnaître leur rôle et leur énergie : ils sont là pour nous projeter à l’extérieur de nous-mêmes, là où se trouverait soi-disant la source d’un plus grand bonheur.
Le désir qui vient de toi est nourrissant. Il parle de la vérité du moment et il te ramène à l’intérieur. Le désir fabriqué vient de l’extérieur et te tire vers lui comme si tu allais te trouver là bas.
Dans mon expérience personnelle et d’accompagnement, j’ai plutôt constaté une difficulté à reconnaître et assumer ses désirs. Justement parce qu’un désir, c’est intime et ça parle de la vérité du moment. Ça demande de plonger en soi, de ressentir ce qui est là vraiment et d’écouter, au-delà des jugements qu’on peut avoir.
Ce n’est pas parce qu’un désir est reconnu qu’il doit être réalisé, mais plus tu arrives à toucher cette honnêteté sur ce que tu veux vraiment, plus l’espace des possibles s’ouvre en face.
C’est toujours la même chose en fait : ce qu’on ne veut pas regarder, qu’on essaie de refouler ou de repousser finit par ressortir de tous côtés et nous agir. Comme un enfant qui se met à hurler de plus en plus fort, à se rouler par terre et à mettre un stop à tout jusqu’à ce qu’on prenne le temps de s’asseoir et d’être avec.
Et il y a plein de choses qu’on n’a pas envie de voir à l’intérieur : par exemple des émotions pas agréables (désespoir, impuissance, jalousie, rage, tristesse, tension…), et des désirs qu’on juge négativement (j’ai envie de manger tout ce qu’il y a dans mes placards, j'ai envie de hurler sur mes enfants, j’ai envie de disparaître pour quelques jours, j’ai envie de me péter la jambe pour être en congés sans culpabiliser…).
On pense que les désirs parlent de qui on est comme personne (une gloutonne, une mauvaise mère, un lâche, une faignasse…) alors on n’a pas envie de leur faire de la place. Ils ne correspondent pas à qui on a envie d’être, ou ils menacent l’ordre établi (par exemple si on fait de la place à une envie de tout plaquer, ou de lâcher mari et enfants, ou de brûler sa maison, ça fait peur). Mais les désirs n’ont pas besoin de tous être réalisés, encore moins d’être imposés aux autres.
Ils demandent surtout à être vus et vécus. Ils sont une invitation à retourner vers soi et à se rencontrer dans le moment. Et je dis ça avec toute l’humilité de ma propre expérience : certains désirs me terrifient, certains me semblent paralysants, d’autres sont grandioses mais creux. En fait, ils ont tous des textures, des goûts, des richesses différentes.
1 an sans shopping
La raison pour laquelle c’est possible de plonger et reconnaître ses désirs de toutes couleurs, des plus noirs aux plus lumineux, c’est parce que tu n’es pas juste à la merci de chaque désir reconnu, de chaque émotion qui apparaît.
C’est beaucoup plus facile d’appliquer ton discernement et ta sagesse une fois que tu as laissé tout ça remonter au grand jour.
Et quand la sagesse n’est pas de la partie, il reste la vie : on n’est pas là pour donner toutes les bonnes réponses tout le temps, même si par moments qu’est-ce que j’aimerais les avoir pour m’éviter l’intensité émotionnelle de l’incertitude. La vie finit par donner les réponses. Et ces réponses changent dans le temps : un désir brûlant d’aujourd’hui peut n’avoir plus aucun sens dans quelques mois ou années.
C’est peut-être pour explorer cette thématique des désirs que j’ai décidé de me lancer dans une année sans shopping. J’ai eu le déclic en lisant cet essai d’Ann Patchett (🇬🇧), et en voyant ma pile de livres à lire grimper inexorablement sans que j’ai le temps de vraiment l’entamer.
J’ai eu envie de jouer avec cette proposition : pas de shopping pendant un an. Mes règles sont : pas de livres, de fringues ou d’objets sauf nécessité ou remplacement d’un truc qui casse et dont j’ai besoin. Les cafés, restos et les courses ne sont pas exclues.
Je peux déjà observer une certaine simplification : sans m’en rendre compte, je regardais souvent les devantures des magasins, et là dès que je me surprends je me dis “ah bah ça sert à rien” et je regarde autre chose. Je vois aussi s’installer une détente par rapport aux “opportunités immanquables” : en fait il y en a tout le temps, comme dit mon amie Andrea, ce n’est pas l’opportunité qui doit décider, c’est toi.
Il ne s’agit pas de refouler mes désirs pendant un an, mais au contraire d’avoir une relation plus intime avec eux, de les savourer et de les explorer plutôt que sauter sur la première source de contentement qui se présente.
Je vous tiendrai au courant de cette expérience dans l’année.
En attendant, j’ai une invitation :
Prends le temps de laisser monter dans le corps un désir brûlant. Ça n’a pas besoin d’être quelque chose de grandiose ni d’impressionnant, juste un désir présent là, en partant du corps. Mets toi à l’écoute de ce qui monte, d’où ça se situe, sa texture, ses couleurs, les sensations qui peuvent l’accompagner.
Et puis quand tu l’auras bien laissé émerger, vois si ce désir te parle d’une action à faire, ou si le goûter et le voir suffit.
Si tu as envie, tu peux partager en commentaires.
Bonne semaine,
Laure
Pssst ! Il reste encore des places pour écrire un petit livre, on commence dans 10 jours, rejoins-nous.
Ecris ton propre petit livre
A la fin du mois de janvier commence la toute première promo du programme Écris un petit livre. Il s’agit d’un programme de 5 mois, en ligne et en petit groupe, pour te permettre d’écrire un livre dont tu sois fière, de découvrir et assumer ta voix, et de s’amuser en le faisant.