Pour commencer un disclaimer : j’ai chopé la grippe (oui la fameuse) entre le post de cette semaine et celui de la semaine dernière. Donc cet article est écrit beaucoup plus au fil de l’eau que les précédents. En terme d’édition et de relecture, ça va pas être du miracle quoi.
Cette semaine, on va aller voir pourquoi c’est si dur d’accepter les choses comme elles sont, surtout quand la vie semble se liguer contre toi. Tu sais, les moments où les épreuves ont l’air de s’entasser comme d’insatiables petits gremlins devant la porte, et où tu te dis “mais ça s’arrête quand là, le bordel ?”
La première étape pour que ça s’arrête, c’est de reconnaître que ça lutte à l’intérieur. Sans voir que ça lutte, pas de libération possible, c’est la boucle mentale garantie.
Même une toute petite lutte en mode “ça n’aurait pas du se passer” ou “je veux que les choses soient autrement”, c’est une bataille d’usure entre toi et la réalité qui s’engage, et je te laisse deviner qui va perdre. La réalité est extrêmement persistante.
Si, comme une de mes clientes, tu as l’impression que la vie s’acharne sur toi et que c’est injuste, que ça ne devrait pas se passer comme ça, non seulement ça se passe comme ça, mais en plus à l’intérieur de toi c’est la guerre. Ce n’est pas la guerre à l’extérieur. Ce n’est jamais la guerre à l’extérieur en fait. La guerre c’est toi qui la fait tout·e seul·e.
Ça peut paraître décourageant de voir ça, mais c’est aussi une excellente nouvelle : quand ça lutte à l’intérieur, tu peux être sûr·e que tout est dans tes mains pour que ça se détende.
De mon côté, j’ai mis longtemps à comprendre que je luttais contre la réalité. J’avais l’impression au contraire d’être quelqu’un d’assez “cool”, qui suit les évènements et qui s’accommode de ce qui se passe.
Et puis j’ai commencé à regarder mes pensées, et mes conversations. Le nooooombre de conversations qui concernaient soit un truc qui ne se passe pas comme je voudrais, soit une personne qui ne se comporte pas comme je le souhaiterais. C’était choquant. Je voyais mon réflexe d’extravertie qui dès qu’un truc lui convient pas, l’exprime et va chercher des alliés pour confirmer sa version des faits.
“Non mais tu te rends compte que le mec ne débarrasse rien alors que j’ai 39 de fièvre et que je me suis tapée toutes les tâches ménagères quand il était malade. Mais non monsieur fait sa petite vie tranquille, il me demande même pas si j’ai faim… Non j’ai pas faim mais c’est pas le sujet !”
Et si tu as pris l’habitude de vivre dans le monde parallèle “la vie telle que je voudrais qu’elle se passe”, tu vas toujours trouver d’autres personnes pour être d’accord avec toi et ensemble passer du temps à regarder à quel point la vie n’est pas comme elle devrait être.
A l’arrivée la seule personne qui en chie, c’est toi.
Pas la réalité. La réalité elle se déroule, elle ne souffre pas de ce qui se passe. Mais toi oui, quand tu résistes à ce qui se passe, alors que c’est déjà fait.
Comment on fait pour accepter ce qui est là ?
Une fois qu’on a dit ça, le but c’est pas non plus de se flageller la couenne en se disant “ah mais non seulement je souffre mais en plus je refuse la réalité je suis un mooooooonstre nul”.
Déjà, tu peux accepter que tu refuses.
Nié ?
En gros, peu importe à quel endroit tu arrêtes le cycle, il y a soulagement à la clé.
Au début, c’est possible que tu vois pas quoi lâcher d’autre que : au moins je vais pas lutter contre le fait que je lutte.
Ça peut être aussi simple que le nommer : “Je suis en colère contre ce qui se passe”.
Accepter d’en être là peut être une grande détente. Prendre une pause pour reconnaître ce qui est là, plutôt que d’être comme le proverbial hamster dans sa roue qui continue à tourner dans tous les sens en espérant que quelque chose se calme.
Ça commence par une pause.
Parce que c’est ça le secret de l’acceptation : il faut avoir de l’espace à l’intérieur. Ensuite ça se fait tout seul. Il n’y a pas d’action ou de rituel magique à réaliser pour accepter. Soit tu acceptes parce qu’il n’y a pas de lutte, soit tu es encore sous le charme du hamster et tu tournes dans ta roue.
L’acceptation, c’est pas un truc que tu fais pas ta volonté, c’est un truc qui arrive quand tu remets de l’espace à la place des histoires et des émotions qui s’agitent pour avoir ton attention.
En gros, ça se fait tout seul quand il n’y a plus rien qui bloque le chemin. Parce que ton état naturel, c’est l’acceptation et la simplicité. Mais c’est sans doute pas l’état dans lequel tu te trouves le plus souvent. Ça, c’est la faute du hamster.
Au lieu d’accepter : aller voir ce qui bloque
Arrêter le hamster dans sa roue, ça demande déjà d’interrompre le flot de pensées incessant. Et pour ça, ça peut être utile de comprendre le rôle du hamster = les petites voix dans ta tête.
Le hamster est là pour raconter ton histoire.
C’est un peu comme si t’avais embauché un ménestrel personnel, mais ton ménestrel c’est un hamster parlant.
Ce hamster, il est en charge de “l’histoire de ma vie”, et il prend son rôle extrêmement au sérieux. Il tisse en permanence une histoire dans laquelle tu as un rôle : des fois tu es victime des évènements, des fois c’est toi le héros, des fois tu es nul·le, des fois tu déchires tout.
Peu importe le rôle qu’il te donne, le hamster prend des éléments choisis de la réalité, et il raconte une histoire par dessus, qui te coupe de ce qui se passe. Tu n’as plus accès à la réalité telle quelle, simple et brute, tu as accès à une version filtrée de la réalité.
Plus tes filtres sont épais, colorés, non remis en question, plus tu es loin de ce qui se passe en vrai, perdu·e dans l’histoire que le hamster te raconte.
Je vais te donner un exemple concret, que tu vois le niveau de bordel que ça peut créer.
Il y a quelques années, j’ai déménagé de Lyon à Nantes. Quelques jours après mon installation à Nantes, alors que je me sentais un peu triste et seule dans ma nouvelle ville, je reçois un coup de fil furieux de mon ex (de Lyon) qui me dit que je lui ai menti, que je suis partie pour un autre, et je ne sais plus quoi d’autre.
Bref, je te la fais courte : je me suis retrouvée du jour au lendemain avec plus aucun contact de mon groupe de potes lyonnais dont il faisait partie. J’étais devenue la méchante de l’histoire, c’était fini. Je pouvais pas faire grand chose, j’étais à l’autre bout de la France, alors j’ai pleuré un bon coup, et j’ai ravalé ma rancoeur pour continuer ma vie. Mais je suis restée accrochée à un détail de cette histoire en particulier : la meuf qui a mis le feu aux poudres. Celle à qui j’avais confié mon petit coeur tremblottant et qui m’avait (d’après mon hamster) jetée sous le bus à peine 24h après mon départ en allant raconter horreurs et mensonges sur mon dos. Bouh la vilaine, moi la victime. Super. Mon hamster était satisfait du boulot, voilà une histoire bien ficelée.
Sauf que.
Ça fait à peu près 3 ans, et je me suis dit récemment : tiens, pourquoi pas aller rouvrir ce dossier et vérifier l’histoire du hamster. Je sentais qu’il me restait des zones pas acceptées, notamment parce que j’y repense, de temps en temps, et aussi parce que je l’imagine parfois périr dans d’atroces souffrances, ce qui n’est pas le signe d’un esprit apaisé et serein.
Bref.
Je suis donc allée revisiter cet épisode pour voir ce qui s’était réellement passé. Et j’ai découvert que :
C’est pas vraiment elle qui a coupé les ponts, techniquement c’est moi qui ait envoyé un message bien sec et mature du genre “J’ai pas besoin de ce genre d’amis merci, à jamais” (ça devait être un poil plus long mais c’est l’esprit), et elle a juste répondu sur le même ton.
A l’époque je faisais partie de tout un groupe d’amis, mais je m’entendais surtout avec une personne. Si je suis complètement honnête, sur l’échelle allant de “connaissances” à “vrai pote”, il n’y a que lui avec qui j’avais vraiment envie de rester en contact régulier. Et c’est ce qui s’est passé (coucou C !).
Au final, après avoir vaguement appris par quelqu’un d’autre ce qui s’était passé, j’ai parlé de cette meuf comme d’une espèce de harpie sans coeur à mes autres amis, et j’ai fait exactement ce que je lui reprochais de me faire : je l’ai réduite à un épisode, un évènement, dans lequel mon hamster lui a donné le mauvais rôle et à moi le rôle de la pauvre victime.
C’est moins glorieux vu comme ça hein ?
Là c’est le hamster dans toute sa beauté.
Il tisse une histoire qui t’arrange, ou parfois qui t’arrange pas mais qui cadre bien avec l’image que tu as de toi, et il te la sert sur un plateau d’argent, au besoin en omettant deux trois détails.
Bottom line : le hamster te ment.
Tes pensées te mentent. Et quand tu crois au mensonge, les problèmes commencent. Et ensuite tu te retrouves à rejeter la réalité ou à la trouver dégueulasse et injuste, mais si tu prends le temps d’aller regarder à l’intérieur, tu vas trouver sans l’ombre d’un doute que ce qui est dégueulasse et injuste, c’est l’histoire du hamster. Pas la réalité.
Et quand tu démontes son histoire, l’acceptation vient toute seule.
Dans le cas dont je viens de te parler, j’étais bien accrochée à mon histoire de victime. C’était crédible et j’aurais mis ma main au feu que c’était la réalité. J’aurais pu rester des années de plus avec ça, à radoter comme une vieille chèvre asthmatique sur mes amis de Lyon, qui m’avaient abandonnée, ahhh regarde comme je souffre, aime moi.
C’est la souffrance qui m’a donné envie d’aller voir ce qui se tramait. C’était pas de la douleur à se taper la tête sur les murs, mais j’avais de la rancoeur et un petit goût de Caliméro dans la bouche. Ça, c’est le signe que je n’étais pas dans la réalité.
La réalité n’est jamais injuste, ignoble ou triste. C’est aussi impossible que de trouver un grain de sable injuste, ignoble ou triste.
Si quelque chose ne te va pas, commence par observer que ça ne te va pas. Fais une pause suffisamment longtemps pour voir que le truc ne te convient pas. C’est déjà énorme par rapport au mode par défaut qui consiste à alimenter le hamster dans sa roue. Juste ce temps de pause peut faire la différence entre le refus et l’acceptation. Entre la lutte et la détente.
Ensuite, prends le temps de regarder, voire d’écrire ce que tu te racontes sur la réalité.
C’est quoi l’histoire ? Qu’est-ce que le hamster raconte sur tout ça ?
Et si tu as envie d’arrêter de souffrir, va questionner cette histoire.
Tu peux utiliser le processus de Byron Katie, Le Travail, que je trouve particulièrement efficace et minimaliste :
Est-ce que c’est vrai ?
Est-ce que tu peux être absolument certain·e que c’est vrai ?
Comment tu te sens, comment tu réagis quand tu crois cette histoire ?
Qui serais-tu sans cette histoire ?
Inverse la phrase de départ (ex : cette meuf m’a trahie => cette meuf ne m’a pas trahie) et vois en quoi c’est aussi vrai que l’histoire du départ.
C’est un peu théorique comme ça, du coup je ferai un épisode de podcast en démontant une de mes histoires pour illustrer ça.
Allez je suis curieuse : raconte en commentaire une histoire à laquelle tu t’accroches, et tu jurerais que c’est vrai, même si ça te fait du mal ?
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J’anime dans les mois qui viennent un stage et un programme de coaching qui allient exploration de soi & libération des histoires (on laisse le hamster sortir de sa roue).
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