Bonjour !
C’est peut-être pas le titre le plus accrocheur, mais c’est une question que je me suis posée récemment : est-ce qu’on serait pas addict aux problèmes ?
Un problème à résoudre, c’est une occupation très acceptable, c’est un sujet de conversation sans fin, c’est un moyen de montrer qu’on est vraiment comme tout le monde finalement, mais qu’on est aussi un peu supérieur parce qu’on a compris où est le problème, contrairement aux autres qui continuent de se vautrer dans le déni.
En fait un problème c’est vachement pratique. On peut se concentrer dessus, chercher des solutions, demander de l’aide, le regarder dans tous les sens, lui donner de l’importance, se créer toute une identité qui tourne autour de ce problème.
Combien de fois dans une conversation t’as déjà entendu “Non mais tu vois mon problème c’est …” ou bien “Tu vois c’est ça son problème, il suit jamais les conseils qu’on lui donne” (au hasard muahahahaha).
Et forcément depuis 8 ans que je travaille dans le monde de l’accompagnement, du développement personnel, du management, c’est la base : on est censés résoudre des problèmes.
Mais quand on me demande “c’est quoi le problème principal de tes clients ? ils viennent te voir pour quoi ?” Je n’ai aucune réponse. Pendant un temps je me disais que c’est parce que mon positionnement est pas assez précis, je sais pas quoi. Et puis j’ai compris.
Je n’ai pas de réponse parce que je pense pas que les gens ont des problèmes. Je vois qu’ils ont l’impression d’avoir des problèmes, ou qu’ils ont une histoire et une souffrance qui sont là. Ils arrivent peut être persuadés d’avoir des trucs à régler, des blocages terribles, des casseroles indécrottables qui les empêchent d’être heureux et de faire ce qu’ils veulent. Et j’écoute, on explore, et en fait, il n’y a jamais de problème.
Encore une fois, il peut y avoir de la souffrance, et tu m’étonnes : c’est très douloureux de se voir comme une série de problèmes à résoudre. Surtout que ça ne s’arrête jamais. Dès que t’en as résolu un, il y a un nouveau truc à améliorer, régler, guérir, etc.
Et ça devient l’histoire de qui je suis : “Ah oui mais j’ai des traumas et c’est pour ça que je suis comme ça”, “Ah non mais j’ai un problème : je procrastine c’est terrible dès que je suis face à quelque chose d’important, je le fais pas”, “tu te rends pas compte c’est pathologique chez moi je sabote tous mes efforts j’ai trop peur de réussir”.
Et je sais que ça a l’air réel quand on a les deux pieds dedans, mais ce que j’ai vérifié pour moi, et avec mes clients, c’est que les problèmes ne sont qu’une façon de regarder la réalité. Quand on remet de l’espace, de la curiosité, du ressenti, ils ont tendance à disparaître. Et même pire que ça : les problèmes se révèlent être des merveilles, c’est juste qu’on les regardait sous leur plus mauvais profil, en quelque sorte.
Note que je ne dis pas non plus : “c’est un choix d’avoir des problèmes ou pas, t’as qu’à te bouger le cul espèce de faignasse”. Quand on est dedans, ça a l’air réel et c’est pas une histoire de volonté ou de forçage pour changer ça. Dire à quelqu’un qui va mal “non mais c’est juste ta façon de regarder les choses qui ne va pas”, c’est aussi cruel qu’inutile). Cet article n’est pas là pour t’aider à mieux te flageller ou juger les autres avec tes problèmes, mais pour ouvrir à la possibilité, là où il y a l’espace, d’aller regarder ça différemment.
C’est un mouvement que tu peux observer. Quand quelque chose ne nous convient pas dans le présent, on a 2 réflexes :
Aller chercher des explications dans notre passé (individuel ou collectif)
et / ou
Chercher des outils pour éviter de revivre cette situation dans le futur
En gros, on ressent un truc pas confortable ou pas habituel (ça peut être très fort, au point de se dire qu’on va mourir si ça s’arrête pas), et comme ça s’emballe, et qu’on veut absolument éviter de rester avec ça, on le transforme soit en une histoire de “mes traumatismes qui m’ont amenée à ce point de ma vie” ou “tous les trucs que j’ai mis en place pour que ça ne se reproduise plus car je suis un winner !”
en gif on a donc le choix entre :
et
Pas de panique pour les indécis, c’est possible de cumuler les deux : moi, mes traumas, et mon plan d’action à 3 mois pour les surmonter.
C’est quoi l’alternative ?
Elle est simple (c’est peut être pour ça qu’on lui accorde moins d’attention) :
ça commence par observer nos mouvements de fuite et d’explication et les tentatives de créer une histoire de passé ou de futur à partir de ce qui se passe.
puis accepter de ressentir ce qui est là, quand c’est possible, à la hauteur à laquelle c’est possible (c’est là que se faire aider par des professionnels ça permet d’être en sécurité et de ne pas fuir l’intensité)
développer une posture de curiosité et d’ouverture, ce qui veut dire s’autoriser à sortir des raisonnements “qui a raison / qui a tort” “c’est la faute à qui ?” “ça aurait jamais du se passer comme ça”
Même si j’en parle avec humour, je suis consciente d’à quel point ça peut être difficile, voire même impossible à certaines périodes. Par contre même si la personne en face de moi souffre, je peux l’entendre, l’accueillir et l’écouter sans adhérer à l’histoire qu’elle se raconte et qui crée de la souffrance. C’est pour ça que je ne vois pas mes clients comme des problèmes à résoudre mais comme des trésors à découvrir. Parce que je sais, peu importe ce que se dit la personne, qu’il y a un trésor en dessous. C’est seulement une histoire de temps, de disponibilité et de cadre pour aller le découvrir.
Et quand je lis des trucs sur “ah mais il faut prendre en compte les traumas des gens, les accompagnants doivent se former là dessus, c’est très grave sinon”, ça a beau avoir l’air plein de bon sens, ça me parle surtout de la peur et de l’inconfort de l’accompagnant en question face à des choses qu’il ou elle ne maîtrise pas. Si tu veux te former là dessus et nourrir ta curiosité, vas-y, mais si tu veux arrêter de souffrir, ça n’est pas indispensable.
Fais la même chose avec cet article : écoute ce qui sonne juste pour toi, prends ce qui te parle et questionne ou laisse tomber le reste. Personne n’a la réponse pour toi, et tu ne peux pas voir ce que tu n’as pas encore vu.
Oui, c’est un processus qui demande du temps, de l’espace, de l’aide par moments, de la douceur et surtout une envie profonde de vérité. Non, on n’est pas obligés de marcher sur des oeufs et de faire des ronds de jambe pour ne pas heurter les autres. On peut écouter, voir l’autre comme une personne capable de gérer ce dont elle a besoin, sans lui créer un monde en coussinets gonflables avec des oeillères réglables pour ne jamais être confronté à quoi que ce soit.
Un exemple concret : mes parents.
Finissons joyeusement, avec la mère de tous les problèmes (pun intended comme on dit) : l’enfance et les parents.
Ah, les parents. Créatures diaboliques ou attachantes, inspirantes ou agaçantes, ils ont souvent une place de choix dans les “problèmes” des gens. Je soupçonne une bonne grosse influence de la psychanalyse, et plus récemment des livres d’éducation bienveillante aux titres pas du tout culpabilisants genre “Tout se joue avant 6 ans” (et pourquoi pas ajouter un sous-titre : “Tu penses que tes parents étaient des gros nazes, essaye donc de faire moins pire même si en vrai c’est foutu depuis tes 6 ans à toi”).
Bref, pendant 36 ans, j’ai considéré que j’avais eu une enfance abusive. J’avais des anecdotes concrètes bien réelles, de quoi faire frémir les gens avec des parents “normaux”. Même mon psy avait lâché un très peu professionnel “ah oui quand même”.
Donc : l’histoire d’abus se tenait, j’avais toutes les preuves à charge.
Sans surprise, le sujet revenait régulièrement avec mes coaches : j’en ai fait des constellations, des actes symboliques, des dessins thérapeutiques etc, et j’ai eu plein de révélations. Et pourtant ça restait un sujet.
J’avais l’impression d’avoir “pardonné” mais le pardon c’est un truc lourd : genre “ah je suis tellement un bon humain que je te pardonne”. Quand on va au fond des choses, quand on est en recherche du trésor et pas juste d’une version plus acceptable du problème, on se rend compte qu’il n’y a rien à pardonner. Sinon c’est une histoire qui tourne en boucle. Un seau que tu vides et qui se remplit inexorablement dès que t’es sorti de ta séance de psy / coaching / ostéo / chamanisme / énergétique / etc.
Et puis ces dernières années, j’ai adopté une approche différente : de l’observation, de la curiosité, de la présence à ce qui se passe au lieu de sauter sur les explications.
Je suis retournée voir mon passé avec un regard beaucoup plus ouvert. J’ai utilisé le processus The Work pour regarder les choses avec plus de douceur. Je n’avais plus envie de raconter l’histoire d’une fille qui s’en est bien sortie malgré les embûches, j’avais envie de vérité.
J’ai trouvé des merveilles à tous les coins de rue. J’ai trouvé mon père, dans toute sa sensibilité et sa vulnérabilité. On a eu des discussions sincères et très belles sur son enfance, et je lui ai partagé des moments où je m’étais sentie lâchée. C’était marrant d’entendre son côté du même évènement et de le recevoir sans juger ou reprocher.
J’ai trouvé ma mère, et j’ai ressenti des élans d’amour et de reconnaissance pour elle, pour son parcours. Je l’ai recontactée après 10 ans sans se parler parce que je ne pouvais pas garder cet amour pour moi, j’avais envie de la connaître elle, et j’avais enfin la place pour le faire. Je ne savais pas si ce serait ok de son côté, et ça l’était.
Avec ce travail, j’ai découvert mes parents non pas comme des personnages de mon histoire, mais plus directement, plus ouvertement. C’était génial. Bien plus riche que les anecdotes que j’avais compilées sur eux.
Et puis j’ai rencontré l’ado qui s’était traumatisée elle même avec ses histoires horribles. Et j’ai vu que je n’avais plus besoin d’être traumatisée. A la place de mes souvenirs douloureux je n’ai trouvé que de l’amour, de l’espace, de la beauté.
Aucun des évènements que j’utilisais avant pour tisser mon identité d’enfant traumatisée n’a été effacé. Je ne les ai pas oubliés, ni mis sous le tapis. Je n’ai pas non plus “regardé le côté positif des choses”. J’ai accepté de lâcher mon histoire bien ficelée et j’ai découvert qu’elle ne tenait pas la route, et que je pouvais m’en libérer.
Après des années à tourner en boucle sur mon chemin personnel, j’ai trouvé de la légèreté. J’ai vu que les problèmes ne sont jamais des problèmes, ce sont des cartes au trésor. On n’a pas toujours le matos ou la dispo pour partir chasser le trésor, mais peu importe ce qu’on se raconte, quand il y a un pépin, c’est qu’il y a une pépite.
Et quelle légèreté d’avoir compris ça et de le partager avec cette communauté et les clientes.
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Est-ce qu’il y a un problème de ta vie qui s’est avéré être une mine de richesse ?
Quelle est la pépite que tu retires de cet article ?
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