C’est difficile de pas aimer
On aime instantanément ce(ux) qu’on prend le temps de connaître
Bonjour Rayon de soleil de cette journée,
Les annonces : un programme suprise (cadeau) et le prochain programme :
Tu veux faire un cadeau de Noël unique qui sent bon la tendresse et exprime ton amour ? La semaine avant Noël, je te propose de leur écrire un tout petit livre en 1 semaine. Du 17 décembre au 23, tu auras toutes les infos et les propositions d’exercice en direct. Je proposerai aussi des idées de petits livres, même si tu n’as pas d’idée, on va faire ce process ensemble, et à la fin tu auras un cadeau splendide et le cadeau d’avoir pris du temps pour toi dans cette période chargée. Rien à faire, juste à être abonnée aux Love Notes. Parle-en autour de toi si tu connais quelqu’un que ça pourrait intéresser.
Temps requis pour t’offrir (et offrir) ce cadeau : max 30 minutes par jour.
Et le programme complet : écrire un petit livre, sur 5 mois, de l’idée balbutiante au bouquin dans tes mains, commence mi-janvier. Toutes les infos sont là.
La semaine dernière, j’ai passé 5 jours avec des êtres merveilleux, une famille que j’ai rencontrée il y a deux ans.
On était réunis pour une semaine de retraite sur le thème de l’amour inconditionnel. Je ne vais pas rentrer dans le détail, ça n’aurait aucun intérêt, mais j’ai envie de partager un exercice qui était très fort pour moi.
On a parlé d’amour de soi (un sujet que j’ai bien eu l’occasion d’expérimenter cette année), et on a pris le temps de reconnaître et nommer ce qu’on n’aimait pas chez nous.
Pour l’exercice, on était en groupe de deux, avec un qui pose la question, l’autre qui répond. Ça donnait ça :
Dis moi ce que tu n’aimes pas chez toi, physiquement ?
Mon ventre
Moi, je l’aime
Et ça continuait avec ce qu’on n’aimait pas émotionnellement, mentalement, et en boucle.
Evidemment, si l’intention et la présence ne sont pas là, ça pourrait être un énième exercice un peu creux, voire démoralisant. Si on n’arrive pas à être honnête sur ce qu’on n’aime pas, ou si l’autre n’est pas sincère dans sa réponse « Moi, je l’aime », ça tombe à plat cette affaire.
Reconnaître ce qu’on n’aime pas plutôt que se forcer à aimer
Si tu as déjà essayé de te répéter en boucle des trucs positifs alors que tu es persuadée du contraire, tu as peut être eu l’occasion d’expérimenter que ça marche pas super. On peut pas faire semblant avec son inconscient, ça ne fonctionne juste pas comme ça.
Ça peut apporter un réconfort temporaire, une sensation de soulager un bobo, et ça te montre à quel point les croyances (conscientes et inconscientes) impactent ton état émotionnel et mental.
Pourtant, on propose rarement de se dire à voix haute ce qu’on n’aime pas. Ça semble presque tabou : « je vais pas en rajouter une couche alors que déjà je m’aime pas assez ».
Du coup, les pensées sont quand même là et en plus elles sont emballées d’un joli manteau de jugement, hop, elles risquent pas d’avoir froid cet hiver (ou les 12 prochains).
Si on résume, il y a les pensées qu’on a déjà sur soi, et maintenant il y a le jugement sur le fait de les avoir et ne pas s’aimer.
Comme un beignet frit, enrobé d’un beignet frit, à l’infini.
L’amour, ça peut commencer par être honnête. J’aime pas mon ventre, j’aime pas quand je suis triste sans raison apparente, j’aime pas ma jalousie, j’aime pas me sentir en insécurité, j’aime pas mes cuisses, j’aime pas ma tendance à trop parler… etc etc.
Ça permet, pour un moment, de juste regarder ce qui est là. Maintenant qu’elles ne sont plus sous le tapis, c’est possible de voir ces pensées avec compassion. Sans forcer, la compassion vient naturellement quand tu vois ces élan sans leur manteau de jugement. Ils sont beaucoup plus vulnérables et touchants une fois vus à la lumière.
Ça change l’ambiance : ah ouah, il y a tout ces élans de « non-amour » (je mets entre guillemets parce qu’en passant du temps avec eux, je les vois plus comme des élans d’amour aussi mais un peu biscornus). C’est possible de ne pas les ignorer, ni les juger, juste les embrasser, comme on embrasserait un enfant qui a peur ou qui se fait mal.
La confusion se met en travers du chemin
On peut confondre l’amour avec plein de choses, et ça nous empêche d’en profiter.
Avec l’approbation, par exemple. Mais « Je t’aime » ne veut pas dire « je trouve que tout ce que tu fais et dis est génial sans aucune réserve ». Ça veut juste dire « je t’aime ». Je peux être en désaccord sans couper l’amour. Je peux écouter, respecter, et sentir que ma vérité n’est pas la même.
On peut confondre l’amour avec l’envie d’y passer tout son temps. Pendant un temps, je sentais dans mon coeur un amour qui englobait toute l’humanité, et j’étais bien embêtée de constater qu’il y avait quand même des gens avec qui j’avais pas spécialement envie de passer de temps. Je me disais « bah il est bien hypocrite ton amour ». Mais c’était une confusion. Aimer ne signifie pas que mes préférences ou attirances disparaissent. Je peux aimer sans y passer tout mon temps. L’amour comprend tout (dans le sens qui englobe tout et qui comprend pourquoi), y compris le choix de respecter mes besoins et mes préférences.
On peut confondre l’amour avec le confort aussi. Et c’est vrai que l’amour a souvent un goût très doux. Mais ce goût très doux peut se poser autour de quelque chose de très douloureux, tendu ou intense. Ressentir de la compassion autour de notre désamour de nous même, par exemple, c’est doux mais ça peut cohabiter avec un vécu physique ou émotionnel très confrontant. L’amour cohabite avec la plus grande paix et l’inconfort qui te tord les boyaux.
On confond aussi l’amour avec la version très conditionnelle et protégée qu’on peut en avoir. Je t’aime si, je t’aime quand, je t’aime à condition que… D’ailleurs c’est le plus souvent cette version de l’amour qu’on se donne. Un truc qui ressemble au vrai, mais qui s’est rabougri en chemin, empesé de conditions et d’attentes.
« Je suis nulle » : comment l’amour vient naturellement quand on se rapproche
Paradoxalement, plus on se rapproche, c’est-à-dire plus on enlève les croyances, les jugements et les histoires qu’on se raconte, plus l’amour a la place d’émerger dans l’instant.
On pourrait croire qu’il faut faire un paquet d’efforts pour aimer, et collectivement on aime bien croire que tout se mérite, qu’il n’y a rien de gratuit et que c’est par l’effort et la persévérance qu’on obtient les choses importantes.
C’est peut être vrai pour certaines choses (et encore franchement on peut douter de la réelle « importance » de ce qu’on obtient de cette façon), mais pas pour l’amour. Pour l’amour c’est tout l’inverse : moins on se met en travers du chemin, plus il circule.
En fait si on y regarde de près, c’est très difficile de ne pas aimer.
Pour ne pas aimer, il faut faire des efforts, aller dans une abstraction, réduire une personne à un groupe auquel elle est censée appartenir, pour pouvoir faire des raccourcis et ignorer complètement son humanité, sa faillibilité, ses conditionnements. Ça demande de regarder de très loin, à travers les lunettes du passé, ou du jugement sans appel, pour éviter de voir.
On peut regarder les enfants pour illustrer ce point, parce qu’ils sont souvent moins alourdis par tout ce bazar et ils aiment d’une façon beaucoup plus simple et directe. Souvent quand les gens parlent de leur nostalgie de l’enfance, ils font d’ailleurs référence à une légèreté, une forme de joie très spontanée dont ils se souviennent. Les deux sont liés : la joie spontanée et l’amour sont de très bons compagnons.
Je vais finir cette Love Note par un exemple personnel, qu’on pourrait appeler : de la lose intégrale à l’amour intégral.
De la lose intégrale à l’amour intégral
Cet été, j’ai traversé 2-3 mois difficiles : j’avais fermé les Aventurières, ma première boîte, créée il y a plus de 8 ans, j’étais amoureuse et inquiète de si la relation pouvait fonctionner et je commençais une mission de conseil dans laquelle je me sentais terriblement à côté de mes pompes, mais sans perspective de ce que je pourrais / voudrais faire d’autre.
Un bon cocktail d’incertitude et de vulnérabilité, dont mon juge intérieur s’est gavé jusqu’à l’ivresse. Je me sentais faible, misérable, perdue, et surtout nulle.
J’avais des pensées très fun du style « bravo, t’as bientôt 40 ans et si on résume la situation donc, tu n’as pas de carrière parce que tu viens encore de changer d’avis, tu sors avec un mec génial mais soyons réaliste, il va se barrer quand il verra le bordel que c’est dans ta tête, et tu n’as aucune sécurité financière. Tu n’es même pas ancrée quelque part vu que t’arrêtes pas de déménager et que t’as jamais acheté d’appart. Félicitations, tu as officiellement échoué sur tous les critères de la vie d’adulte. Tu peux désormais chialer sur ton sort. »
Not. Nice.
Je me suis débattue dans ce bazar, j’ai à peu près tout essayé que je connaissais : la méditation en présence, le déni, l’affirmation de ce que je voulais, l’alcool, les discussions interminables en boucle avec les potes, évacuer les émotions en les vivant, la psy, le coaching. TOUT.
Le truc que je ne voyais pas jusqu’à cette semaine, c’est que je faisais tout ça pour me débarrasser de ces jugements et de cet inconfort que je resssentais.
Plus j’essayais de les foutre dehors, plus ça s’accrochait de toutes parts. Ça se calmait par moments, puis ça revenait, et enfin, ça s’est vraiment détendu. J’ai senti que je retrouvais de l’espace, de l’énergie. J’avais l’impression de me retrouver tout court. Que cette explosion de jugements et de victimisation c’était « pas moi ». Je refusais en bloc de voir ça.
Cette semaine à la retraite, j’ai eu l’immense chance de pouvoir regarder tout ça avec amour, et de faire une expérience : face à 30 personnes, les yeux dans les yeux, j’ai dit :
« Je suis nulle. Je suis instable. Je suis un poids pour les autres ».
A l’intérieur, j’ai senti une détente immense. Toute l’énergie accumulée à refuser de ressentir et reconnaître ça s’est détendue. Je pouvais presque entendre une voix à l’intérieur dire « enfin, elle écoute ».
Le truc qui me terrifiait : reconnaître ces jugements, est la porte qui m’a libérée. Je les ai répété une deuxième fois, en les vivant. Et j’ai fondu en larmes, de compassion, de soulagement, de vitalité.
A l’intérieur quelque chose a bougé, pas du tout comme je m’y attendais : je me suis dit « ah oui, c’est vrai que des fois je suis nulle, inconstante, et je suis sûre que je peux trouver des exemples où je me suis appuyée lourdement sur les autres. Et alors ? Trop bien de savoir que je peux aussi être nulle et inconstante, et même un poids. Quel soulagement de pas avoir à être toujours géniale, constante et une locomotive pour les autres ».
C’était presque comique, ce renversement, mais c’est pas un truc que tu peux forcer. Tant que tu transformes la vie en une stratégie pour te débarrasser de ce qui ne te va pas, dedans ou dehors, alors ça tourne en boucle.
Dès que tu te soulages du besoin de changer les choses, tu peux non seulement retrouver l’amour, mais aussi recevoir ce que chaque chose a à apporter. Comme la légèreté et l’absence de pression qu’offrent un « je suis nulle ».
Si tu as des questions ou des partages, les commentaires sont là pour ça.
Bonne semaine,
Bisours (faute de frappe que je trouve trop choue pour la corriger)
Laure
❤️