Écrire un Petit Livre d'images et de mots - Semaine 5
Une respiration
Bonjour,
Nous voici dans la cinquième semaine, et c’est le moment idéal pour parler de la respiration.
Hier je regardais un documentaire sur le grimpeur Patrick Edlinger - qui était connu pour grimper en free solo c’est-à-dire sans matériel pour s’assurer en cas de chute - et il expliquait que la respiration est un élément clé pour l’endurance. Si on ne respire pas, les membres ne sont pas oxygénés correctement, et ils tétanisent. Et quand on est au milieu d’une falaise, sans corde, on veut pas que ça tétanise.
Dans ce cas, dit-il, la meilleure solution, c’est de s’appuyer entièrement sur les pieds, si possible la tête à l’envers, et de respirer, pour réoxygéner les muscles.
Et c’est ce qu’on va faire pour nous et nos textes aujourd’hui : les laisser respirer. Eviter de tétaniser l’écriture, et lui redonner du souffle, de la circulation.
Ça tombe bien c’est un grand week-end, c’est idéal pour ralentir et prendre le temps.
L’article d’aujourd’hui sera court, pour aller dans le sens de cette respiration, et les exercices seront : un exercice corporel et un exercice à appliquer à notre petit livre.
Inviter le vide
On en a déjà parlé ici, ce qui reste dans l’ombre ou dans le non-dit est aussi important que ce que l’on dit. La beauté peut être dans ce qui est laissé hors de la page, ou hors du cadre.
Aujourd’hui on s’intéresse à la façon dont le silence, le vide et la respiration peuvent souligner la beauté.
Les photos de Vincent Munier sont des merveilles pour regarder comment le vide permet de guider notre regard, et de laisser le mystère s’inviter dans l’image.
Le photographe Saul Leiter est aussi un observateur du quotidien, ses photos montrent souvent ce qu’elles ne montrent pas : visage flou, caché, de dos, coupé par un élément du décor…
La poésie du son
Les poètes·ses sont des sources merveilleuses pour jouer avec les silences, la rupture des phrases à des moments inattendus.
Un exemple sublime est le poème de Raymond Antrobus Sous-titres et un rêve pour John T Williams de la tribu des Nuu-Chah-Nulth qui intercale des sons entre crochets, comme des sous-titres et contrepoints à la scène. Le poème parle du meurtre d’un sculpteur sur bois natif américain assassiné par un policier en 2010.
Il y a deux phrases parlées dans le poème : le deuxième paragraphe par la voix du policier est en italiques “Je lui ai crié de lâcher son couteau”, puis la phrase du frère de la victime au 4ème paragraphe “Mon frère était sourd”. Le poète Raymond Antrobus est sourd.
Les sons qui sont décrits entre crochets ne sont pas des sons au sens habituel du terme mais des invitations au silence, à sentir au-delà du bruit, dans le monde sans son de cet homme qui vient de se faire tuer pour rien.
[son d’air instable]
[annonçant que ce n’est pas encore fini]
[son de quelque chose qui n’est pas dit]
[discours prudent]
[son de pas de saison]
[son volé]
En s’inspirant de ces artistes, on va créer et explorer le silence et les sons dans ton livre.
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