bonjour délicat pétale printanier,
je vais avoir un usage très libre des majuscules dans ce mail et sans doute les prochains. j’expérimente d’écrire librement et aussi mon clavier fait des siennes.
Pour répondre directement à la question de ce mail : est-ce que tu mérites d’exister ? Oui.
voilà tu peux poursuivre tes activités.
et si tu veux plus de détails, je développe ci-dessous. Mais quelque part tout est là : si on regarde profondément, la plupart d’entre nous croyons plus ou moins inconsciemment, que la vie doit se mériter. et c’est faux.
c’est un membre de famille qui à Noël dit “non mais faut arrêter là de donner aux sdf, bientôt ils auront plus que nous. yen a du travail et des solutions en france, donc s’ils en sont là, c’est qu’ils veulent pas s’en sortir”.
c’est moi quand je me compare à mes potes qui ont suivi des carrières plus classiques et que la pensée “mais j’ai rien fait de ma vie, je devrais être beaucoup plus avancée que ça” me traverse. et qu’en plus parfois, j’y crois pendant quelques heures ou quelques jours particulièrement sombres.
c’est la même chose qui se passe quand on juge les autres qu’on trouve trop fainéants, pas assez volontaires, ou qu’on se juge soi-même de “pas en avoir fait assez”. il y a un sous-entendu collectif, et individuel que la vie et le bonheur c’est des trucs qui se méritent. on bosse pour y arriver, on en chie pour les obtenir et ensuite on se barricade pour les garder.
what a nice little program pour bien se faire chier.
donc on va plonger ensemble dans ce sujet, et surtout en ressortir avec des pistes pour une vision beaucoup plus saine et douce, un retour à la maison, en quelque sorte. pas la maison que la plupart d’entre nous ont connu et qui reproduisait ces schémas terribles de devoir “mériter” d’être là, mais la maison au sens : un endroit dont on sent profondément qu’il est juste, accueillant et bon pour soi. la source de ta sagesse intérieure, qui sait déjà tout ce que tu dois savoir : la maison.
dans cet article (en vrac) :
pourquoi on avance quasiment tous avec une estime de nous basée sur un gros malentendu
j’ai quitté les réseaux sociaux sans m’en rendre compte et je n’ai aucune envie d’y retourner (pendant qu’on y est j’ai résilié mon abonnement amazon et netflix est le prochain sur la liste)
une pratique à tester : remplacer les to do lists par la joy list pour remettre de toi dans ton temps
Il n’y a pas de condition à la vie : c’est gratuit
C’est peut-être là que commence le bordel, dans une société très marquée par l’économie de marché et même d’exploitation : la vie c’est gratuit.
récemment je voulais m’intéresser au sujet de l’investissement. je prends un livre et le premier chapitre avait pour vocation de m’expliquer pourquoi je devrais investir. l’explication de l’auteur : “on investit pour acheter du temps”.
j’ai fermé le livre.
je refuse d’acheter ce qui ne s’achète pas. je ne veux même pas lire ce que me raconte quelqu’un qui part d’un principe aussi triste et frelaté (qui est sans doute une personne adorable par ailleurs hein, je ne mets pas l’auteur et ses croyances dans un seul panier).
peut-être que ça paraît extrême, mais tout ça va dans le sens de ce que je sens et j’expérimente dans mon travail en accompagnant mes clients à rentrer à la maison : on a collectivement adhéré à des mythes qui nous font beaucoup de mal, et ensuite on achète d’autres trucs pour compenser le mal que ça nous fait. Du coup c’est efficace comme système, sauf pour nous.
ça va dans le sens de ce que le docteur Gabor Maté appelle “la culture toxique” : on grandit dans un environnement qui ne nous permet pas de maturer émotionnellement et psychologiquement de façon saine, et ensuite on est agis par nos traumas, au lieu de jouir de notre liberté et de notre beauté individuellement et ensemble.
il fait une distinction que je trouve éloquente :
l’estime de soi conditionnelle (c’est celle que la plupart d’entre nous avons) : elle est basée sur l’évaluation (donc le jugement) et elle est liée à ce qu’on accomplit ou pas
l’estime de soi saine : elle est basée sur l’authenticité c’est-à-dire qui on est vraiment, et ne dépend pas de la quantité ou qualité de choses qu’on fait
J’en profite pour te dire qu’on va plonger plus en détail là dedans dans les deux ateliers qui viennent, les détails sont ici :
pour faire simple, on a quasi tous grandis avec le message inconscient qu’on devait se comporter d’une certaine façon ou faire certaines choses pour mériter l’amour, la joie, la vie.
il y a une femme de 55 ans qui est cité dans un livre de G. Maté et qui dit “j’ai gâché ma vie jusqu’ici. je n’ai rien fait pour mériter ma vie et mériter d’être là”.
cette phrase m’a arrêtée. j’ai reconnu plein d’endroits où moi-même j’ai eu l’impression de devoir mériter d’être là, ou, en cas d’échec, ne pas mériter.
mais mériter quoi, en fait ?
la vie est ce magnifique absurde magique extraordinaire cadeau : personne n’a rien fait pour mériter d’être là plus que son voisin.
le message est là sous notre nez. c’est gratuit d’être ici. c’est offert. dans le sens le plus pur et le plus sans attente qui soit. il n’y a personne à qui rendre quoi que ce soit, ça dépasse ce que le mental est capable de concevoir, mais on le sait au fond de nous : la vie est insupportablement gratuite.
je dis insupportablement parce qu’on fait beaucoup d’efforts, au quotidien, pour mériter, évaluer, juger et conditionner ce cadeau. comme si c’était difficile d’accepter un tel niveau d’amour. celui qui ne demande vraiment rien en échange.
Passer de l’évaluation à l’authenticité
le mode qu’on connaît tous, donc, c’est de devoir mériter d’être là. partant de là, il va falloir faire des choses, ou adopter des comportements qu’on estime méritants.
être gentil·le, poli·e, ou bien assertif·ve, volontaire, se sortir les doigts du cul comme on dit, se battre, ou au contraire être tout le temps dans l’harmonie. ce sont des comportements que parfois, on va admirer chez les autres, alors que si ça se trouve, c’est juste leur façon de répondre à ce mensonge fondamental : celui qui nous fait croire qu’on doit mériter l’amour et l’appartenance et la vie.
pour certains ça va vouloir dire réussir une famille, réussir financièrement, réussir socialement, être désirable physiquement, avoir une jolie maison et une voiture qui fait vrouuuummm tellement vite que tu peux même voir rouge en accélérant (*eyeroll* et calin en même temps).
quel est le problème avec ça ? je vais emprunter les mots de Gabor Maté : “c’est difficile d’avoir suffisamment de quelque chose qui est presque ce dont on a vraiment besoin”
je remarque que quand je suis en mode “évaluation”, ce que je fais n’est jamais assez. j’aurais pu être plus sympa, plus drôle, plus affirmée, plus ambitieuse. et quand par miracle c’est assez, le répit est de très courte durée : chaque matin, le travail de mériter ma vie est à remettre sur l’établi, à soumettre à une nouvelle to do list, à des critères toujours plus évasifs et changeants.
il y a des choses très concrètes et même simples qu’on peut faire pour retrouver la maison et notre sagesse :
le premier pas c’est juste ça : observer et reconnaître quand on se soumet à cette évaluation permanente.
le deuxième pas c’est se laisser toucher par la tristesse, peut-être même le désespoir qui peuvent émerger quand on voit le désamour auquel on a du adhérer pour s’imposer ça. pas pour se noyer dedans, mais pour s’offrir la douceur de sa propre empathie. ça peut prendre du temps et faire des vagues, c’est ok.
le troisième pas, c’est de reprendre contact avec soi. très simplement, en se demandant si nos oui sont de vrais ouis par exemple, pour tous les affamés de validation, ou en se demandant au début d’un projet si l’ambition et la pression qu’on se met viennent vraiment de nous ou si on est en train de quémander de l’admiration et de l’amour sous la forme d’une deadline serrée, d’une to do list surchargée ou d’un rôle supplémentaire.
ça va vite de glisser dans la culpabilité donc tout au long de ce processus, regarder tout ça avec amour : la société, les parents, l’école, tout était organisé autour de nos traumas collectifs et de notre illusion de devoir mériter la vie. tu as fait ce que tu as pu, et maintenant (et à chaque instant), se présente l’occasion de déposer les armes et d’arrêter cette agitation insensée.
on a besoin d’amour pour sortir de cette ornière, pas d’une nouvelle couche de jugement.
3 étapes donc :
Observer et reconnaître
Se laisser toucher
Reprendre contact avec soi
Des pratiques et conséquences concrètes : retrouver mon authenticité
je ne préconise absolument pas de faire comme moi, mais je sais que les histoires des autres peuvent être inspirantes. je précise aussi que c’est pas tombé du ciel : ça fait maintenant des années que je fais le choix, toujours plus finement, de ce qui est vrai plutôt que ce qui est “bien”.
voici des choses de ma vie quand j’honore ce qui est vrai pour moi dans l’instant.
j’ai remplacé ma to do list par une “joy list”. je note dessus ce qui me met en joie pour la semaine / journée. si besoin. des fois je fais juste au feeling. quand je vais pour ajouter une tâche, je prends le temps de sentir si ça me met en joie et si ça a vraiment sa place. je mets aussi bien mes cafés avec des potes que le mail que je dois envoyer à une future cliente
les effets que j’observe pour le moment, c’est que je débranche plus tôt, j’évalue moins voire pas, et je prends le temps d’écouter ce dont j’ai vraiment envie
j’ai quitté les réseaux sociaux. ça s’est fait un peu par accident : j’arrêtais pas de perdre le mot de passe de facebook et un jour j’en ai eu marre de le réinitialiser. et instagram, j’ai jamais aimé, il y a quelque chose pour moi de profondément toxique et chronophage que je n’apprécie pas. (j’ai découvert récemment que les créateurs en sont très conscients et ça m’a confirmé mon ressenti intérieur, c’est marrant comment ça marche, la sagesse)
les effets que j’observe : ça me manque pas, j’ai beaucoup moins tendance à scroller pour fuir le présent, et il y a beaucoup plus de silence dans ma vie. Surtout, de la créativité à flots : j’ai plein d’idées et d’envies d’écrire sur ce site. de trouver des façons de créer la communauté ici, basée sur cette authenticité et vulnérabilité qui nous lient.
j’ai résilié mon abonnement amazon, et netflix va suivre. dans la même veine, j’ai eu un moment de réalisation intérieure que je ne suis pas en accord avec mes valeurs quand je contribue à des sociétés qui vont à l’encontre de la connexion entre humains, et qui promeuvent une exploitation toujours plus automatisée des gens entre eux. ça ne veut pas dire que je ne commanderai plus jamais chez eux, juste que je vais pas rajouter la livraison en 24h gratuite et les contenus amazon prime qui rajoute juste du bruit dans le paysage
les effets que j’observe : pas d’effet flagrant, mais je me sens vachement bien de prendre une décision qui va dans le sens de ce que je ressens à l’intérieur, plutôt que de me cacher derrière le fait que “quand même c’est pratique”. c’est un pas très simple d’authenticité pour moi.
j’ai demandé de l’aide à mes amis quand j’ai eu le coeur brisé, récemment. et j’ai accueilli cette tristesse quand elle se présentait, et l’envie de la fuir aussi quand elle se présentait.
les effets que j’observe : au lieu de sombrer dans la tristesse ou de la fuir à tout prix, j’ai goûté la vulnérabilité. j’ai rencontré mon coeur plus intimement. quelque part au milieu des fêlures de mon coeur, j’ai trouvé l’amour pour moi plus direct, plus simple, plus doux aussi. j’ai pris conscience de l’importance du lien et j’ai vécu à quel point la connexion et la vulnérabilité sont des synonymes.
Voilà !
il y a encore beaucoup à dire mais je soupçonne que ça flirte déjà avec une longueur d’article indigeste ^^
pour plus d’infos et de pratiques concrètes pour rentrer à la maison, et retrouver ce chemin d’authenticité, il y a l’école des Bulles, et les ateliers gratuits.
Comme toujours, je suis ravie de lire vos réponses, retours et commentaires. The Miracle Grasse Mat est gratuite et va le rester (j’en parlerai une autre fois mais je ne veux pas participer à l’économie de l’abonnement à tout va), donc pour me soutenir, il suffit de partager, participer et si tu sens que c’est pour toi, rejoindre l’école des Bulles ou un autre accompagnement.
Bonne fin de semaine,
Laure
Je viens d'écouter Marc VELLA, pianiste nomade qui a créé l'Ecole de la Fausse Note. Vidéos à écouter, c'est très inspirant!! Enlever les nuages qui nous ont fait croire que nous n'avons pas de valeur. Autorisez vous à exprimer toutes vos notes, les belles et les fausses!! et le soleil va se poser de lui même. Notre besoin de perfection nous empêche de nous épanouir Créez votre mélodie avec les fausses notes telles que apathie, colère tristesse, peur, pour les transformer et vous en libérer/et de réaliser nos rêves.
Je retiens:
Aller vers le soleil
Oser l'envol
Jouissance= ouïr le sens du JE.
Préciosité de l'existence: elle dure 3 secondes.
Chaque instant est sacré. Rencontrer son soleil pour inviter les autres à en faire autant
Rien à conquérir, tout à chérir
Rien à prouver, tout à éprouver.
Créer notre mélodie intérieure, se réharmoniser à l'intérieur de soi.
Un message joyeux et optimiste, plein d'humanité🤗
Merci pour ces textes, je suis en plein période où j'en ai besoin, je te lis et les choses s'éclairent, ça fait du bien ! Merci !