Instructions pour mes funérailles
C'est dur de trouver des titres qui donnent envie de lire...
Hello !
J’espère que ce mail te trouve en forme, prêt·e à croquer l’été et profiter des nuits trop courtes et chaudes, du retour des draps légers et de la moiteur de la peau dès qu’on ose marcher plus de 4 minutes sans ombre.
Je reviens d’une série d’aventures (un atelier d’écriture sur les lieux et la cosmogonie et, de façon plus problématique, un lancer de thé glacé sur le clavier de mon ordinateur, qui le rend quasiment inutilisable…) et j’avais hâte d’écrire cette Love Note et de partager un nouveau poème, des liens pour mettre de la beauté dans le quotidien.
Un poème
Enfant, j’étais la forêt
J’avais de la terre dans les cheveux
des cailloux sous mes ongles
mes pieds arqués arpentaient le sol mou
mes mains connaissaient chaque arbre, chaque racine
Dans mon ventre les champignons chuchotaient
des histoires plus vieilles que mes deux grands-mères.
J’avais une faim de serpent, de ver, de fourmis
qu’ils retournent ma terre, qu’elles déplacent mes cheveux
qu’ils plantent mes mèches dans des troncs morts pour s’y cacher mieux
Les hommes à fusil venaient chasser
sur mes membres ils disaient “c’est la saison”
Ils se pensaient discrets et je les méprisais.
Ils ne voyaient que ce qu’ils savaient et
ils ne me savaient pas.
Quand ils pliaient un arbre il ne revenait jamais à sa place.
Parfois je remettais des chaussures je devais
me déguiser en enfant
A la maison quand on plie un bras il ne revient
jamais à sa place
mais tout le monde fait semblant
A la maison les murs chuchotent des histoires
plus vieilles que mes deux grands-mères
mais elles font peur aux grands
alors on met la télé.
Pour être un enfant il fallait
ranger les cailloux dans ses poches
cacher les fourmis dans des coiffures
avoir peur des serpents
rester assise sans bouger, longtemps
les bras levés, je cherchais juste la lumière.
Cette semaine
❤️❤️❤️ je suis allée à un festival avec des amis et c’était inconfortable et génial
❤️❤️❤️❤️ j’ai posé des limites sans m’excuser, abandonné le troisième atelier d’écriture qui ne me parlait plus, même si j’étais engagée
❤️❤️ j’ai rencontré la personne à qui je m’étais comparée de loin, et elle est géniale. C’est tellement plus simple une fois qu’on rencontre les vraies personnes
❤️❤️ C’est le retour de la saison des pastèques à la fêta et à la menthe !
💔 j’ai recommencé à fumer. Je me fais toujours avoir de la même façon, ce qui rend le truc encore plus rageant : en refumant “juste une” clope que je trouve dégueulasse, et qui pourtant pave le chemin pour les autres. Et maintenant je sais qu’il faut attendre le moment où j’en aurais vraiment marre pour pouvoir arrêter
A voir, à lire
C’est officiel : je suis une grosse snob qui lit et écoute principalement des trucs anglophones, éventuellement des québecois. Du coup mes recos de la semaine sont 100% en anglais, mais j’ai traduit les bouts qui me parlent.
Une chouette idée de poème à reprendre pour soi : Instructions pour ma mort (promis c’est pas aussi dark que ça a lair)
Just make sure that everybody knows how much I loved being alive
The only thing that I loved more was loving you
Assure toi juste que tout le monde sait à quel point j’aimais être en vie
La seule chose que j’aimais plus que ça c’est t’aimer toi
Un article de mon chouchou Erik Winkowski sur le Moche-Beau
Cette phrase de Ysra Daley-Ward :
“J’ai pensé à ce qu’il faut pour faire quelque chose qui soit vraiment à toi, pas une version de ce que tu penses qui va plaire ou vendre. Toi. Ton rythme. Ta voix. Ce n’est pas rien de finir quelque chose.”
“I’ve been thinking about what it takes to make something that’s truly yours, not a version of what you think will please or sell. Yours. Your rhythm. Your voice. It is no small feat to finish a thing.”
J’arrête là parce que chaque phrase met 2 minutes à apparaître sur mon écran et je suis encore dans le déni de devoir me racheter un ordi… (si quelqu’un veut me refiler un portable mac pour m’aider à maintenir mon état de refus de la réalité, je suis lààààà).
Bonne semaine
Laure
Le poème m'a émue.
"Les enfants sont plein de vie", entend-on souvent... ça, c'est avant qu'on leur apprenne à mourir de l'intérieur.
Merci Laure.