Hier on a commencé un shift très important : remarquer ce qu’on remarque. J’entends souvent deux types de remarques sur l’écriture :
Je ne sais pas quoi écrire
J’ai peur d’écrire des trucs nuls, ou de copier sans avoir de style à moi
Pour ces deux questions, il y a un besoin de s’écouter et de s’autoriser à aimer ce qu’on aime déjà.
Tu as déjà un regard, un style, une patte qui sont parfaitement uniques. Si on faisait toutes l’exercice d’écriture plate d’hier dans la même pièce, tu t’en rendrais compte : personne n’aurait écrit la même chose, alors qu’on est censées décrire la réalité de la façon la plus plate possible. C’est parce que notre regard est déjà un filtre et un guide puissant.
Aujourd’hui, on continue donc sur cette exploration avec une pratique très chouette : la collection.
Pendant la journée, je te propose de collectionner tout ce qui t’attire l’attention : une phrase, un caillou, une plume, une histoire entendue à la terrasse d’un café, un assemblage de couleurs que tu prends en photo, un bonbon, bref. Tout ce que tu veux.
Tu vois les trucs que les enfants ramènent d’une balade : des collections d’objets épars : c’est ça que tu vas collectionner.
Le soir, prends un moment pour admirer ta collection et lui donner un titre. N’essaie pas d’être intelligente : prends un titre au hasard, un titre de chanson, un mot dont tu aimes la sonorité, ou un titre qui ne correspond qu’à un seul objet.
Prends quelques instants pour observer comment les éléments de ta collection sont en lien entre eux et avec ce titre. Si tu ne vois rien, c’est parfait aussi. C’est juste un exercice d’observation et de curiosité.
Peut-être qu’à ce stade, tu te dis que ces exercices ne te font pas écrire, alors comment est-ce qu’ils peuvent nourrir ta relation à l’écriture. La réponse est simple : on ne cherche pas à collectionner les exercices d’écriture ni les contraintes créatives, mais à changer d’état d’esprit vis-à-vis de ta créativité : à rouvrir cet espace de jeu, d’envie, d’imagination. On ne travaille pas juste ton écriture mais ses fondations : le désir, la curiosité, l’attention, la capacité à faire quelque chose de “gratuit”, le fait de jouer avec implication. Ce sont les fondations solides sur lesquelles tu pourras bâtir une pratique régulière et réjouissante qui perdurera, à ton image.