On continue notre exploration de ta relation à l’écriture par les sens, aujourd’hui notamment, on va écouter.
Mais écouter quoi ?
Je ne sais pas si tu le remarques, mais on a tou·te·s une petite voix dans la tête (ou plusieurs d’ailleurs), qui commente toute la journée nos actions, ce qui se passe, les actions des autres. Un monologue intérieur qui peut être plus ou moins positif, enjoué, ou abattu, anxieux, excité, etc. Ce monologue crée comme un espèce de rajout sur la réalité.
Imagine si tu regardais un film, mais avec en permanence ton voisin qui te fait des commentaires, ou une bande son par dessus la bande son qui te raconte des trucs qui n’ont rien à voir.
Si tu trouves que j’exagère, il suffit de repenser à une situation dans laquelle tu étais « perdu·e dans tes pensées » et tu verras de quoi je parle. Parfois on est avec une personne qui nous raconte quelque chose, on part dans nos pensées et d’un coup, on se rend compte que l’autre vient de nous poser une question, et ça fait 5 minutes qu’on a décroché.
Cette petite voix qui commente, elle nous intéresse parce que c’est aussi la voix de la censure et du jugement.
C’est elle qui va t’interrompre et dire en plein milieu d’une phrase « ouah mais c’est super nul ce que t’es en train d’écrire, c’est honteux arrête moi ça tout de suite ». Ou plus subtilement « T’es sûr·e que c’est ça la prochaine scène ? Ce personnage il tient peut-être pas tant la route, tu devrais revenir au début et le retravailler ». Ou encore plus subtil : « Non mais en fait, cette idée elle est pas si ouf, tu devrais laisser tomber et commencer à écrire sur cette nouvelle idée brillante qui est clairement mieux ».
Et donc on va s’entraîner à écrire sans cette voix. C’est un élément clé pour construire une relation chouette avec ton écriture, et y retourner avec plaisir, que tu te mettes une routine ou pas, que tu aies un projet en cours ou pas…
J’ai appelé ce jour « Ecouter » et pour être complètement honnête avec toi, au moment d’écrire impossible de me souvenir de ce que j’avais prévu 🤷♀️ alors je suis partie sur autre chose. J’ai gardé la contrainte du mot « Écouter » et je l’ai laissé me guider.
C’est exactement ce qu’on va faire aujourd’hui.
On va faire un exercice extrêmement simple, encore, inspiré par Laurie Wagner qui pratique et enseigne le wild writing, une forme d’écriture automatique inspirée de textes existants.
Dans sa pratique, elle part toujours d’un texte qui est lu deux fois, puis on met un timer et on écrit pendant 15 minutes sans laisser le stylo quitter la feuille, en commençant par des mots qui nous ont parlé dans le texte (Tu peux trouver un exemple en anglais en cliquant ici).
Pour aujourd’hui on va faire une version simplifiée de cet exercice, avec comme intention d’écouter là où le texte t’emmène, sans juger, sans interrompre, sans essayer d’être intelligente, douée originale ou pertinente.
En gros, on va s’entraîner à changer nos antennes : plutôt que d’écouter la voix dans notre tête et son commentaire, on va écouter le texte, un mot après l’autre, de la façon la plus simple et la plus détendue possible. En cas de doute, tu peux toujours écrire n’importe quoi, ce sera mieux que d’écrire quelque chose d’intelligent.
Mets un timer à 5 minutes, et choisis l’un des débuts ci-dessous pour te lancer ». Dès que la tête s’en mêle et que tu te mets à réfléchir, reprends l’expression et continue (ou prends-en une nouvelle pour varier, c’est comme tu préfères). C’est très important de repérer quand ta tête s’en mêle et d’interrompre ce mouvement mental tout de suite. Dès que tu te vois réfléchir ou essayer d’être intelligent·e hop ! reprends une des expressions ou la même pour te relancer.
Ce que je veux te dire …
En fait, …
Dis-moi, …
Un jour, …
Quand ce sera fini…
Bonjour, …
C’était presque le jour …
Son cou murmurait…
Je me suis assise et …