Se relire, s’éditer, améliorer ses textes

Petit livre d’images et de mots Semaine 7

Bonjour !

Avant de plonger quelques infos importantes :

L’atelier du 28 mai (Copier comme une artiste) est décalé au mardi 11 juin à 12h. Je suis finalement partie en Equateur, et avec le décalage horaire et mon agenda sur place qui bouge pas mal, je préfère décaler la date et qu’on fasse ça tranquillement en juin.

En parlant d’Equateur, les abonnées recevront quelques Chroniques d’une aventurière froussarde - pour partager des éléments de mon voyage mais aussi les coulisses du montage de mon projet d’atelier d’écriture sur l’avortement ici, dans la province de Quito.

Pour les recevoir, tu peux à tout moment mettre à jour ta formule d’abonnement en cliquant ci-dessous.

Enfin, je vous avais promis plus de lives, et ce sera le cas, avec deux propositions réservées aux abonnées payants :

• Live d’écrivaines : on fera un exercice ensemble, et tu pourras poser tes questions, débloquer le sujet qui est important pour toi en ce moment et repartir MO.TI.VÉE : Vendredi 7 juin à 12h

• Live de clôture du Petit Livre et de célébration (tu peux venir même si tu n’as pas fini ou que tu n’as pas commencé, on va surtout célébrer le fait de prendre du temps pour la création, ensemble) : Vendredi 14 juin à 12h

Nous voici dans l’avant-dernière semaine de ce programme de Petit Livre. Si tu viens d’arriver, tu peux retrouver tout le programme ici. Utilise le à ta façon : si tu veux, c’est tout à fait possible de tout lire et faire en une semaine, ou même en une après-midi, mais tu peux aussi te donner un espace hebdomadaire, y aller dans l’ordre ou commencer par ce qui t’intrigue ou t’attire le plus.

C’est délicat d’écrire sur l’édition et la relecture, parce que je pourrais résumer tout ça en un seul conseil : relis-toi à voix haute, et retravaille / réécris tout ce qui ne chante pas.

Voilà ! merci de m’avoir lue ^^

On va essayer d’aller plus loin, bien sûr, en regardant un sujet lié :

Comment lire comme une autrice (pour simplifier je vais parler ici de lecture approfondie)

C’est un sujet qui mériterait une série d’articles à lui tout seul (ce sera sans doute le cas d’ailleurs), mais il y a quelques bons réflexes avec lesquels tu peux expérimenter dès maintenant.

D’abord commençons par aller questionner deux idées reçues sur le sujet qui à mon sens sont fausses et nous empêchent de découvrir cette merveille de la lecture d’autrice :

1. Il suffit de lire beaucoup

2. Si on lit comme ça, on perd le plaisir de la lecture en décortiquant trop

Il suffit de lire beaucoup : non

On connaît toute·s ce conseil d’écriture : pour devenir écrivain·e, il faut écrire beaucoup et lire beaucoup. Mais être lectrice ou lecteur avide et lire comme une autrice, ce sont deux choses différentes.

Quand j’ai commencé à écrire, je me suis dit “bah c’est bon, je lis déjà énormément, mais franchement je vois pas en quoi ça m’aide spécifiquement à mieux écrire”. Et je pense que ça ne m’aidait pas. Je dévorais les livres : romance, non-fiction, poésie, essais, mémoires… et je me sentais une lectrice de plus en plus avertie, mais je ne voyais pas comment ça infusait dans mon écriture.

On peut se dire “non mais si, inconsciemment, ça aide forcément, ça développe le vocabulaire, le sens de l’histoire, et ça permet d’affiner son propre goût”. Tout ça est vrai, mais ça me permettait surtout de détecter plus rapidement ce qui me semblait mal foutu dans certains livres, ou au contraire d’apprécier à quel point, dans la romance par exemple, on pardonnera beaucoup de choses à un livre si les personnages nous passionnent.

Jusqu’au jour où…

Pause dramatique

J’ai fait un exercice en partant d’un texte, et le monde de la lecture pour autrice s’est ouvert à moi. Disons entrouvert au moins, de quoi glisser la semelle d’une chaussure solide pour pouvoir se faufiler, millimètre par millimètre, à l’intérieur.

L’exercice était assez libre : on devait raconter un moment du quotidien en s’inspirant d’un poème de Mary Oliver. Je ne trouvais pas ce poème incroyable, mais j’avais envie de jouer le jeu. Et puis il y avait la possibilité d’ajouter plus de challenge, en reprenant à la syllabe près la structure du poème.

J’ai décidé de faire ça, vu que - d’inspiration sur le sujet = besoin de + de structure et contrainte.

Et là, à ma grande surprise, j’ai découvert un monde entier derrière le poème de Mary Oliver. Elle a une maîtrise du rythme et des sonorités de la langue qui est incroyable. Juste l’enchaînement de mots courts, longs, la longueur de chaque vers et la mélodie de chaque phrase est spectaculaire.

Mais à la première, même à la deuxième lecture, à voix haute, je n’avais pas du tout vu ça.

En fait quand on lit, souvent, on ne lit pas. De même que quand on regarde, on ne regarde pas vraiment. On voit ce qu’on sait, on ne voit pas ce qui est là. Si on voyait ce qui est, on serait incapables de se lever le matin tellement ça nous semblerait incroyable de voir le plafond, ou d’entendre un oiseau chanter.

On peut être une lectrice acharnée et apprécier émotionnellement, intellectuellement les livres qu’on lit, sans pour autant plonger vraiment dans la matière.

La première étape de lecture approfondie donc : ralentir au point de rentrer dans la matière du texte, de sentir comment il bouge, par quelle magie il tient debout, ou courbé, comment il t’entraîne dans son monde ou à sa suite. Ça veut dire passer du temps avec ce texte comme une dessinatrice passerait avec un modèle vivant : pas en y jetant deux fois un coup d’oeil et en estimant qu’on en a vu assez, mais en entrant en relation avec. Une relation d’échange et de curiosité.

Ici c’était avec un poème, mais ça peut être avec un personnage, une scène, une description : tout ce qui te touche est un excellent matériau pour commencer cette plongée.

La lecture approfondie, ça va enlever le plaisir de lire : non plus

Je suis fan des chaînes Youtube dans laquelle on découvre l’envers du décor, que ce soit sur le sport, la cuisine, l’écriture, les peintures, la danse ….

J’adore parce que ça me remet toujours brutalement les pieds sur terre. Quand je me dis “ouais franchement ça a pas l’air si dur de faire l’équilibre sur les mains”, et que je me rends compte que non, mes muscles ne sont pas du tout prêts pour faire ce que j’ai décidé, et que ça va demander des semaines ou des mois d’entraînement pour y arriver, ça me permet de 1. me demander si je suis vraiment si motivée que ça pour y accorder autant de temps 2. avoir encore plus de respect et d’admiration quand je vois les gens le faire.

Donc la bonne nouvelle : lire comme une écrivaine, ça ne retire pas du tout le plaisir de la lecture, au contraire : ça lui donne une autre dimension. On ne va pas prendre prendre de grands airs et décortiquer ce qu’on lit comme si on était un critique qui essaie d’avoir un avis intelligent sur la question, c’est plutôt plonger pleinement dans le mystère et jouer avec le texte.

Dans le cas du poème, je me suis rendue compte de ce qui le faisait chanter et bouger. Le texte a pris d’autres dimensions, et immédiatement je me suis mise à accorder plus d’attention à la taille des mots dans mes poèmes et dans certains textes, à compter les pieds, à jouer à trouver des mots qui chantent plus, ou à échanger l’ordre pour voir ce qui me fait le plus d’effet.

La lecture approfondie de ce poème m’a instantanément amené des éléments concrets pour mes propres textes.

J’avais déjà eu cette révélation en faisant un stage de peinture et en découvrant qu’il était très difficile de reproduire les couleurs exactes d’un tout petit morceau de tableau. Cet exercice très simple m’avait aussi permis de regarder les oeuvres avec un oeil nouveau, de me poser de meilleures questions et d’avoir une appréciation pour le travail, même quand il est “invisible”, ce qui est le cas pour beaucoup d’oeuvres.

Le travail bien fait ne montre pas ses coutures, il faut donc aller les chercher si on a envie d’en faire des briques et des clés pour son propre travail.

La lecture approfondie c’est créer une intimité avec un texte

L’exercice de cette semaine va donc te guider à travers la lecture approfondie d’un extrait de texte, puis te proposer de l’utiliser pour regarder ton propre petit livre et t’en inspirer.