Je me souviens du moment. C’était le matin, la journée de travail n’avait pas commencé, mais la to do list défilait déjà dans ma tête, avec des degrés divers d’urgence.
Ça fait 6 ans que je suis entrepreneure à ce moment là. Ma boîte, les Aventurières, a dépassé toutes mes attentes quand je me suis lancée. Non seulement ça dure dans le temps, sans que je m’ennuie ou que j’ai envie de tout plaquer pour passer à autre chose, mais en plus, j’ai accompagné des centaines (!) d’entrepreneur·es et de personnes en reconversion, j’ai rejoint une équipe, quitté une équipe, fondé une équipe, je me suis associée. Mon entreprise permet à deux personnes d’avoir un salaire tous les mois, et on a un contrat récurrent avec la presta la plus géniale de l’histoire.
Pourtant.
Pourquoi j’ai l’impression d’être arrivée nulle part ? Je me sens pas plus fière que ça. Je suis contente, c’est sûr, mon quotidien me plaît. J’ai des objectifs excitants pour l’année. Mais ce goût de “il manque quelque chose”, il est toujours présent.
J’avais l’impression quand j’ai commencé que si j’arrivais à cet endroit, je serais arrivée tout court. Mais c’est pas le cas.
J’en ai marre de réussir ma vie.
La pensée arrive dans mon cerveau, de nulle part, mais elle ne me lâche plus. C’est pas un vide existentiel ou une déprime. C’est plus une sensation d’avoir cherché un trésor pendant des années, et me rendre compte que je tenais la carte à l’envers.
Je ressens une fatigue profonde, et saine : je ne veux plus continuer d’enterrer ce sentiment de manque en me fixant de nouveaux objectifs, en regardant encore plus haut, encore plus beau, encore plus et plus et plus…
Je me sens soulagée à l’idée de descendre du train de la réussite. Il y a du stress aussi : c’est tellement le mode par défaut que j’ai connu jusqu’à maintenant, si j’arrête de réussir, qu’est-ce qui va me faire avancer ? Je vais me lever pour quoi ?
Mais derrière cette nervosité, il y a aussi de l’excitation : si j’arrête de réussir, qu’est-ce qui devient possible ?
Ça fait des mois que cette idée est entrée dans ma vie. Et j’ai décidé de poser tout ce qui se passe, pour moi, mais aussi avec mes client.e.s, quand on ouvre la porte sur soi-même. A la découverte de la lumière intérieure, celle qui n’a rien à réussir ou à prouver, et dans laquelle il ne manque jamais rien.
The Miracle Grasse Mat
J’ai lu le livre The Miracle Morning il y a des années, quand je me lançais dans l’entrepreneuriat et que je voulais tout bien faire. J’étais mi-séduite mi-angoissée par l’idée de me lever à 5h du mat et d’avoir un programme bien rodé à appliquer.
J’ai rapidement laissé tomber, mais je me sentais un peu nulle, un peu pas à la hauteur du truc. En même temps je sentais à l’intérieur que ça forçait et que c’était plus une idée qui fait joli et qui me donnerait l’impression d’avancer qu’une vraie façon de vivre ma vie.
A l’époque je disais que ma méthode à moi c’était la Miracle Grasse Mat : t’es fatiguée, bah dors en fait, et réveille toi quand ton corps te dit que c’est bon. Et si t’as tiré sur la corde depuis des années, ça pourrait bien ressembler à de très très longues nuits.
Aujourd’hui, j’ai envie de reprendre ce titre, parce qu’il représente pour moi une philosophie plutôt qu’une méthode. Là où on aurait envie de réponses toutes faites et d’outils magiques, la vie nous montre de façon répétée que c’est en expérimentant et en s’écoutant qu’on avance.
La Miracle Grasse Mat, c’est pas une apologie des nuits de 12h et des joues striées de marques d’oreiller, c’est une invitation à prendre le temps, à créer de l’espace à l’intérieur plutôt que s’agiter pour trouver des solutions dès que quelque chose nous échappe. C’est inviter l’ambiance des grasses mat : la lenteur, l’absence d’enjeu et de cases à cocher, la douceur et le rythme naturel des choses, dans sa vie.
Et cette newsletter, donc
Et plutôt que me lancer dans cette aventure d’écriture toute seule, à agoniser sur mon google doc sans feedback, j’ai envie de le faire sous une forme que je connais et que j’aime : une newsletter, avec une communauté qui peut suivre le projet à toutes ses étapes.
J’écris d’abord ce livre pour moi. Je sens qu’il y a une beauté, un amour de la vie qui s’est déployé pour moi ces dernières années, que je partage dans mes accompagnements, et j’avais envie d’un endroit pour faire atterrir ça. Le livre.
Et voilà donc ce projet. Si tu as envie de suivre l’écriture de The Miracle Grasse Mat, un chapitre à la fois, tu peux t’abonner. Pour le moment j’ai envie de tout laisser en gratuit. Je ferai peut être une version premium avec des temps d’accompagnements, des rencontres, des confs, mais pour le moment je veux juste écrire et partager ça.
Si tu as envie : partage en commentaire ce que ça t’inspire ? Qu’est-ce que ça fait chez toi, la phrase : je ne veux plus réussir ma vie ?
Je comprends tout a fait. c'est ce que je ressens depuis plusieurs moi. Merci de ton partage
Alors moi je veux réussir ma vie, parce que c'est la première fois que je suis sur la voie de réussir, ou plus précisément à 44 ans c'est la première fois que je m'autorise à inventer le boulot que je veux et que j'aime.
Par contre le fait de ralentir raisonne très fort ce matin. Depuis au moins deux mois je suis en stress sur le même projet. Je n'ai pas passé un jour sans y travailler au moins deux heures depuis deux mois, et plus souvent au moins 6 heures, le tout avec un énorme sentiment d'urgence et de risque d'échec. Et là , ben c'est les fêtes, les fournisseurs, de toute façon, ils sont en vacances, je viens de gagner un sursis de deux semaines. Je bosse quand même pour être prête à la seconde où ils seront dispo. MAIS hier j'ai choisi de ne rien faire. J'ai lu, je suis allée acheter les cadeaux des enfants. J'ai redécouvert la vie normale. OUF CA FAIT DU BIEN