Il était une fois, l’été où j'ai eu un crush sur un mec. Le genre on se fait un câlin parfaitement innocent et boum temps-qui-ralentit-arc-en-ciel-papillons-plaque-moi-contre-un-mur-what-the-fuck-just-happened.
J'ai pas compris ce qui m'arrivait. Yavait 0 critère "objectif", mon cerveau avait déjà une liste d’objections mais il est arrivé trop tard, c’était l’évidence.
Sauf que :
On était en stage et j'étais pas venue pour ça
Le mec était en couple
Sa meuf était là aussi
Il habite à Pétaouchnok en brie
Oh mais quel cocktail délicieux, vous en prendrez bien un pour la route ?
J’ai pris le temps de ressentir ce qui était juste pour moi, et j’ai décidé d’aller lui parler. Je voulais pas rester avec un espèce de non dit planant dans la pièce. J’ai dit ce que je ressentais, que j’avais compris qu’il était en couple après que mon coeur ait déjà fait des saltos arrière dans son slip, et que j’avais pas envie de générer du bordel pour moi ou pour eux, donc je me mettrais sans doute à distance pour le reste de la semaine.
Je me sentais fière comme un petit pou le jour de la rentrée.
Ahem.
Et puis, en dépit de mon petit plan parfaitement bien concocté, on a continué à discuter, à passer du temps ensemble. Il y avait quelque chose de très naturel dans les interactions, c’était perturbant et chouette en même temps.
Et puis à la fin du stage, chacun est reparti dans son quotidien. Des quotidiens très différents. Les échanges ont continué, à distance. Des échanges pas vraiment clandestins, pas vraiment officiels non plus. Des moments pris au vol, sur le coup. Un bon mélange d’adrénaline et des journées à regarder obsessionnellement mon portable toutes les 2 minutes.
Le kif de l’addiction du début… sans les risques ni les récompenses de la proximité.
Un soir j’ai eu la trouille, mon cerveau est parti en mode scénariste Netflix, et il m’a déroulé le plan futur : j’allais avoir le coeur brisé, j’allais être le dindon de la farce, j’allais mal finir, yavait pas de scénarios où ça se termine bien pour moi… Au lieu de foncer dans le tas, j’ai ressenti tout ça, de l’intérieur, comme si ça n’avait rien à voir avec la situation : la trahison, la peur, le doute, la honte… je voyais bien que cette histoire était juste une excuse pour faire ressortir tout ça, alors j’ai laissé sortir. Et je suis restée avec beaucoup plus de calme et beaucoup moins de certitudes. J’ai continué à vivre ce que je sentais, mais plus légèrement.
Je n’attendais plus de l’autre qu’il fasse quoi que ce soit, mais qu’il soit lui même, et j’avais confiance que je saurais prendre soin de moi et m’écouter.
Puis un weekend, c’était impossible de se joindre, et j’ai senti du manque, de l’insatisfaction. Checker son tél toutes les 2 minutes quand rien ne vient, ça a pas la même saveur.
J’étais tentée de re-sauter dans les histoires : non mais voilà je savais que ça allait pas bien se terminer, c’est à côté de la plaque, la situation est pourrie, je vais avoir le coeur brisé, je suis trop dépendante gna gna gna gna.
Et j’ai coupé les histoires, qui ne font que rajouter des couches de n’importe quoi sur ce qui est là, pour ressentir tout ce bazar brut et direct. Ressentir sans histoire, c’est comme un super pouvoir : ça remet dans la simplicité, dans le vivant. Et puis souvent, la suite apparaît par magie, dans un nouvel espace qui ne cherche plus à négocier ou à manipuler pour que la réalité change.
Le soir de ce weekend, j’ai senti descendre deux choses en moi : 1. Je ressentais de l’amour, et j’avais envie de le partager, parce que c’est beau. 2. Il n’y avait pas la place, le contexte ou la disponibilité pour que cet amour prenne la forme d’une relation, et je n’avais pas envie de rester dans un entre deux moisi à espérer autre chose.
Le lundi on s’est appelés, et j’ai partagé ça. Je vais pas te mentir, je me sentais hyper vulnérable, et en même temps c’était si juste à l’intérieur que tout est sorti. Comme si je m’offrais cet amour comme il est, sans attendre autre chose. Je voyais que c’était parfait, en quelque sorte. De me laisser ressentir l’amour et l’impossibilité en même temps. De vivre une histoire qui avait tous les signaux du truc pourri sans drame.
On peut aimer et dire stop en même temps.
On peut quitter quelqu’un avec qui rien n’a commencé.
On peut être triste et remplie d’amour et de joie en même temps.
On peut dire je t’aime sans rien attendre, et c’est comme se l’offrir à soi.
Cette histoire a ouvert mon coeur à moi-même, en fait. L’amour n’a pas besoin que l’autre se comporte d’une façon ou d’une autre, c’est un cadeau à soi-même avant tout.
Je me suis souvenue, quelques années plus tôt, d’une histoire un peu similaire, où j’avais mis beaucoup d’attentes et d’espoir dans une relation qui s’est terminé à peine commencée. A ce moment là j’avais ragé, j’avais eu l’impression que mes sentiments étaient piétinés et pendant plus d’un an, j’étais dans la rancoeur, le mépris et l’incompréhension.
Tel que je le vois maintenant, chaque relation, chaque échange, est toujours une opportunité pour aller vers plus de protection, d’histoires et se barricader derrière des “je le savais” ou “tu m’as trahie”, et ou alors c’est une occasion de se rencontrer directement, dans l’instant, dans l’émotion, dans ce qui est là même si c’est désagréable. Et derrière, toujours, découvrir l’amour et la liberté de vivre ce qui se présente sans les histoires.
♡
OMG ce petit emoji coeur est troooooop mignon
Mercii pour ce partage. J'ai vécu aussi un crush impossible dernièrement, mon coeur et ma tête pas du tout d'accord :'(
Je suis quand même rentrée dans mes histoires, mais toujours avec un pied en dehors, et j'ai appris à accepter pour la première fois mon dialogue intérieur, et sortir de ma culpabilité "je suis nulle - je fais rien - je sais pas quoi faire - je veux rien faire " (je ne suis pas vraiment passé à l'action, parce que le mec était pas dispo et je voulais pas rentrer dans un truc encore méga compliqué et contraire à mes valeurs, mais je trouve ça chouette et inspirant ton exemple, ça me fait réfléchir sur ma propre histoire).
J'en retiens de super souvenirs, genre dignes des films romantiques, les regards, les sourires, les synchronicités, les frissons, je retiens les belles pensées et l'amour que j'ai ressenti pour cette personne, des sensations nouvelles inconnues, (suite à un travail énergétique je me reconnecte de plus en plus à mes sensations corporelles), une réaffirmation de mes valeurs, et ce sentiment d'être connecté naturellement réciproquement à quelqu'un sans raison, ça ça a été très puissant pour moi.
Et je me sens aussi plutôt fière de ne plus foncée tête baissée dans l'impossible, et de me dire que ce qui est est, et que les choses se font naturellement, et que tout n'a pas à se finir en "ils ont eu 5 gosses, 1 maison 1 chien 1 chat, vécu jusqu'à leur fin qu'ils ont traversé ensemble" ^^'
J'ai beaucoup aimé cette phrase que tu as écrit et que je retiens :
"L’amour n’a pas besoin que l’autre se comporte d’une façon ou d’une autre, c’est un cadeau à soi-même avant tout."
J'adore!! j'aime le fait que tu arrives à revenir à cette simplicité de vivre ce qui se passe maintenant. Bravo et c'est beau à voir enfin à lire