Bonjour !
Nous voici dans les deux derniers jours de notre premier programme de groupe. Penser aux TPL qui ont vu le jour ou qui verront le jour me remplit de joie.
Dans ce message :
5 choses que j’ai trouvé utiles ou importantes sur l’édition
Un exercice très simple pour éditer ton texte
Je dois commencer ce mail par un aveu : je ne suis pas une bonne référence en matière d’édition. L’édition dont je parle ici, c’est le processus de relecture et de correction, non seulement orthographique mais surtout rythmique, d’histoire, sur la forme comme le fond. C’est ce qui fait passer un texte de “pas mal” à “ouah”. Mon processus créatif est très spontané et rapide, et j’ai beaucoup de difficulté à revenir sur mes textes et à les améliorer de l’intérieur. Soit j’aime déjà, soit je casse tout pour refaire (soit si l’idée n’était pas assez aboutie,
C’est d’ailleurs un de mes axes de travail et de formation pour l’année prochaine.
Il y a quand même 5 choses que j’ai envie de partager de mon expérience d’écrire des articles et des petits livres depuis plus de 10 ans :
La préparation fait gagner énormément de temps. Je ne suis pas une personne très carrée ou prévoyante, quiconque a passé quelques jours avec moi ou m’a vue tenter de faire un document excel ou classer mes papiers le sait. Pourtant quand il s’agit de créer, je passe pas mal de temps à jouer avec une idée avant de lui donner forme. C’est pour ça que dans le TPL, il y a deux jours de préparation pour 3 jours d’écriture. C’est quasiment autant, et c’est volontaire : il faut laisser le temps et la place à une idée d’atterrir chez soi si on veut qu’elle puisse se planter et se développer dans de bonnes conditions. C’est aussi mon meilleur conseil d’édition : il est très compliqué de sauver une idée sur laquelle on a tiré trop vite, alors que l’édition peut couler naturellement quand l’idée de départ est assez solide.
L’édition est un processus physique. C’est le sens de l’exercice que je propose ci-dessous, pour moi l’édition et la relecture sont le moment où le texte qui est sorti de moi devient un objet extérieur avec lequel je peux jouer. Je sens dans mon corps si quelque chose est fort, trop long, si j’ai perdu le fil que je croyais tenir ou si au contraire ça s’enchaîne d’une façon entraînante. Comme je le disais, j’ai encore beaucoup à progresser là dessus, mais je sais que le corps est un bon endroit pour commencer.
Il faut parfois sacrifier ses morceaux favoris. Il y a une différence entre des choses qui sont sorties spontanément et qui ont été jouissives à écrire, et ce qui est assez bon pour rester dans la version finale. Parfois ce sont les mêmes morceaux, et c’est merveilleux, parfois un passage qui semblait si prometteur à l’écriture doit céder le pas ou être supprimé. Quand ça me fait trop mal au coeur, je les coupe et colle dans un document “inspiration” que je crée à côté du projet, pour pouvoir réutiliser peut-être dans un futur article ou livre.
Écrire vrai. Mon critère ultime c’est toujours : est-ce que c’est vrai ? C’est très tentant de faire de jolies phrases, d’utiliser des mots qui riment, qui ont un rythme délicieux, mais s’ils déguisent la réalité que j’essaie de saisir et transmettre, alors ils ne sont pas à leur place. C’est un équilibre délicat et je ne peux pas dire que j’y arrive à chaque fois, c’est plus un idéal qui me guide. Ça peut être des textes que j’ai eu peur d’écrire ou de lire, parce qu’ils venaient me toucher de près. Ou à l’inverse des textes ou des passages qui m’ont donné une sensation d’alignement, de calme intérieur. En tous cas ma boussole reste : est-ce que c’est sincère, est-ce que c’est vrai au moment où je l’écris ?
C’est un processus sans fin. L’édition est aussi un piège pour certains profils et pour la perfectionniste qui ne dort jamais que d’un oeil en chacun·e de nous : ça peut ne jamais s’arrêter. On peut toujours modifier, reprendre, retoucher, requestionner, trouver un nouveau point d’entrée plus percutant. C’est important, là aussi, de reconnaître quand un projet est suffisamment abouti pour nous quitter et être offert aux autres. Les deadlines aident (pour les newsletters par exemple, ça m’empêche d’y revenir 100 fois), les amis peuvent aider, en relisant avec toi. En tous cas trouve ta façon de finir, et ose terminer les projets.
En parlant de terminer, voici donc le dernier exercice de la semaine :
Exercice du jour : l’édition sensorielle
L’exercice d’aujourd’hui est très simple : tu vas lire ton texte à voix haute. Et corriger tous les endroits qui te paraissent redondants, qui te font bégayer ou hésiter, ou te reprendre. Tout ce qui ne glisse pas agréablement dans ta bouche doit partir.
L’édition de ce TPL, c’est un processus qui passe par le corps. Laisse le corps t’indiquer quand c’est trop long, quand c’est bon, quand c’est délicieux même, ou quand ça demande un point ou un retour à la ligne.
Pour des raisons de temps évidentes, interdiction de tout reprendre à zéro ! C’est aussi un exercice de lâcher-prise, je sais, d’écrire un livre en si peu de temps. C’est l’intention qui prime sur ton jugement du résultat final. Offre toi le cadeau d’aller au bout du processus, que tu décides de l’offrir ou pas.
A toi : partage en commentaires ton retour sur ce processus d’édition sensorielle, et une chose que tu as apprise en le pratiquant.
Et à demain pour imprimer et admirer ta création (je t’enverrai 2-3 propositions de visuels à personnaliser pour ta couverture si tu en as envie)
Laure
Tout le chapitre sur la préparation me parle et c'est ce que je retiens . Merciiii