Bonjour Gabian Goguenard,
Dans cette Love Note :
Une liste de moments ordinaires m’emmène dans des endroits inattendus
Un exercice à essayer pour toi (et partager si tu as envie)
Notre premier atelier créatif approche !
Mardi 26 mars à 12h, on se retrouve pour écrire joyeusement sur le thème Dépasser les blocages et la page blanche. Une de mes spécialités et plaisir c’est de créer des propositions et des cadres dans lesquels il y a si peu de pression que ça devient facile de créer.
En avril on commence notre premier programme d’écriture ensemble : écrire un petit livre d’images et de mots. On va jouer avec la poésie, l’absurde et l’inattendu. Un très bon programme.
No pressure, les contenus gratuits seront toujours gratuits. Si ça te parle je serais honorée que tu rejoignes l’abonnement. En ce moment et jusqu’au 18 mars, il est en promotion.
Samedi matin en me réveillant, j’ai lu un article de Katherine May “Sometimes Breathing is just nice” et je me suis dit que ce serait un exercice délicieux à essayer pour la Love Note d’aujourd’hui.
Et puis ce matin juste avant de m’y mettre, j’ai lu une phrase sur notre attachement aux moments clés, aux évènements “importants” qu’on va définir comme le succès notamment dans le domaine professionnel (les prix, les rencontres qui font basculer la vie, les livres qui deviennent best-sellers, la chanson qui devient virale, la promotion tant attendue, etc). Ça m’a rappelée à quel point c’est risible de s’accrocher à ces moments là, alors que la vie est entièrement vécue dans l’ordinaire et le pas si spécial. Alors j’ai eu envie de faire une liste de plaisirs et de moments ordinaires.
Un de mes grands plaisirs en ce moment, c’est d’ouvrir mes volets électriques depuis mon lit. Par un jeu de perspective et d’architecture, je vois, la tête sur l’oreiller : une montagne posée sur le rebord de mon balcon, une grande antenne râteau, et un morceau de ciel immense. Comme je vis dans le sud, après avoir passé la plus grande partie de ma vie dans des climats du nord, je suis surprise tous les matins par les palettes de bleus qui flottent sur la colline (oui ok c’est pas une montagne je suis marseillaise laisse moi tranquille). Même le gris devient un plaisir rare que je savoure dans cette météo chromatique.
J’écris cette Love Note de mon lit, blottie sous mon plaid doudou orange foncé. Ma table de chevet déborde de livres et de couleurs : jaune éclatant, c’est le Neuromancien de William Gibson; vert d’eau, juste à côté, c’est les mémoires de Maggie O’Farrell I am, I am, I am; épais, gris, encore ceinturé de son bandeau rouge, c’est Le livre du large et du long de Laura Vazquez; rose et bleu, comme un bonbon un peu louche, c’est Frénésies de Stéphanie Vovor. Sur cette commode de chevet, il y a 25 livres, deux magazines et le Tout Petit Livre que m’a écrit mon amoureux. Un réveil, trois huiles pour le corps, et une crème. Un mini bol tout rond avec mes quelques bijoux. Aujourd’hui il y a “rangement” sur ma liste de choses à faire.
J’habite à quelques mètres de la mer, et quand je suis arrivée ici, il y a bientôt deux ans, j’ai passé 6 mois à aller me baigner tous les matins. A peine levée, avant que des pensées et négociations puissent s’emparer de mon cerveau, je me levais, j’attrapais mon masque, mes palmes et ma grande serviette et j’allais nager. Il y a des poissons fabuleux, même près du bord et même entre les jambes des humains qui barbotent. J’ai passé 6 mois à les découvrir et puis j’ai compté les jours avant de les retrouver au printemps. Je trépigne de les revoir, dès que l’hiver arrête de s’accrocher à la mer.
Ce n’est pas un moment ordinaire mais le souvenir le plus fort de ma vie, c’est d’avoir assisté à la naissance de mon neveu. La plupart de mes souvenirs sont enregistrés à la troisième personne : je me vois dans la pièce ou dans la scène comme si je regardais un film. Mais le moment où il est dans mes mains pour aller le peser, et puis le moment de couper le cordon, et le garder pendant que ma soeur va se doucher, épuisée et fascinée par ces immenses yeux dans mes bras, tout ça est enregistré à la première personne.
L’un des moments ordinaires que j’essaie de ne jamais rater, c’est me réveiller près d’une personne que j’aime. Ma nièce, quand elle vient passer le weekend chez moi, ou mon amoureux. On n’habite pas dans la même ville et on dort plus souvent séparément qu’ensemble. Du coup quand je suis avec lui et que j’ouvre les yeux le matin, c’est comme si pendant la nuit j’avais oublié qu’il est là. J’émerge du sommeil, mes yeux tombent dans les siens, ou dans son dos, ou ses cheveux. Je suis un peu surprise à chaque fois. Mon coeur se souvient avant ma tête : ouah c’est bien lui, il est là. Je retombe amoureuse, lentement, en savourant le goût d’aujourd’hui.
En ce moment ma vie me semble très incertaine et un peu vide, surtout professionnellement. J’avais oublié que les débuts d’activité sont lents. On n’ouvre pas un cabinet et il se remplit d’un coup. On ne décide pas de proposer des ateliers d’écriture et ils se remplissent automatiquement. Ça prend du temps, du bouche à oreille, de la chance et pas mal de patience. Et il y a cette voix culpabilisatrice qui vient parfois dire “si c’était vraiment ta voie, ça roulerait tout seul”. Je sais que c’est faux, mais c’est un mythe tentant, la trouille qui se fait passer pour de la sagesse.
Dans ma prochaine vie j’aimerais être un arbre, mais j’ai peur d’être un arbre impatient et de trouver le temps très long.
Ma copine Elina s’est demandé quelles vies elle testerait si elle en avait plusieurs à disposition. Il y en a une qui revient tout le temps pour moi : une vie dans la nature. Une vie à observer et vivre avec les animaux, ou bien à prendre soin d’une forêt ou d’un espace naturel. Une vie dans laquelle la nature n’est pas juste une respiration, mais le coeur. Je crois qu’on a tou·te·s une forêt à l’intérieur.
Abigail Thomas dit que quand elle écrit, si elle se prend pour une victime ou pour une vieille sage, elle sait qu’elle est à côté de la plaque. Je trouve ce baromètre délicieux, et je me dis que cette histoire de forêt à l’intérieur, ça flirte sans doute avec la vieille sage. Mais j’aime bien la laisser s’exprimer aussi. Elle me fait souvent écrire des articles qui doivent donner l’impression que j’en sais des tonnes sur la vie (spoiler alert : ce n’est pas le cas), et qui en réalité sont des petits cailloux pour me permettre de retrouver mon propre chemin quelques semaines ou mois plus tard. Quand je boucle sur un sujet, ou que je panique parce que je ne sais plus comment vivre la vie, mes potes me disent “ah tu devrais relire cet article que tu as écrit”. Parfois ça m’énerve, la magie de la vieille sage peut être agaçante, c’est vrai.
Un jour, j’aimerais rencontrer des baleines.
A toi : prends un crayon ou ton clavier, et commence à écrire sous forme de liste, sur les joies ordinaires et quotidiennes, et vois jusqu’où ça t’emmène. Pas besoin de faire si long, tu peux mettre un timer à 5 minutes ou 10 minutes, selon le temps que tu as devant toi. Amuse toi, laisse toi surprendre par ce qui sort.
Si à la fin il y a un paragraphe, ou même une phrase qui te semble particulièrement vivante, partage la en commentaires, c’est tellement nourrissant d’oser partager et de lire ce qui sort des autres (merci de te tenir à un paragraphe max, qu’on puisse le lire facilement).
Bonne semaine !
Laure
Salut par ici !
Franchement j’adore ces exos courts et très ludiques . Je partage ici un paragraphe.
J’aime la présence silencieuse des plantes qui sont pourtant très vivantes ! Leurs gueules ne mentent pas . Une feuille jaunie est une feuille jaunie , basta !
Ravie de découvrir ta newsletter à travers cette belle édition :)