Artiste du dimanche, je nous aime
pour une vie artistique passionnante, sans sacrifier le reste
Bonjour à toi artiste des soirs et des weekends,
Je suis dans un petit café mignon, un de ces lieux qui indiquent la boboïsation d’un quartier, avec leur latte signature pomme de terre pistache violette sauvage à 7 balles. Sur la table, une bouteille de coca peinte en blanc dans laquelle reposent quatre brins de fleurs séchées, faits pour créer du beau sans jamais être regardés.
On est lundi, je suis en congé, et j’écris cette newsletter comme (quasiment) toutes les semaines depuis plus de 10 ans. Au début j’y racontais ma reconversion. Puis j’ai partagé des expériences et des conseils d’entrepreneure et coach. On a été 30 au début, 4000 et quelques à son apogée, 700 et quelques aujourd’hui.
Quand j’ai repris l’écriture des Love Notes après la fermeture de mon entreprise, je n’avais pas de ligne éditoriale. Ne pas écrire était hors de question. J’ai testé quelques mois et ça m’a trop manqué. Cette newsletter est mon compagnon de route, un espace pour réfléchir et plonger dans les sujets qui m’habitent, ouvrir des discussions avec d’autres, se poser des questions et partager des pratiques ou des moments de nos vies.
Mais sur quoi j’allais écrire, surtout à un rythme hebdomadaire ? Telle était la question.
Je me suis dit que j’allais expérimenter, alors j’ai testé, proposé des ateliers d’écriture, de curiosité, des espaces pour se retrouver et créer. Un cercle d’écrivaines, un challenge d’habitudes créatives, des accompagnements pour produire des mini livres.
Ces derniers temps, je commence à sentir ce que je veux en faire : j’ai envie d’écrire ici en hommage, en inspiration et en ressource aux artistes du dimanche. Aux personnes qui sentent qu’elles ont besoin de créer : écrire, peindre, prendre des photos, faire des vidéos ou des films, de la musique, des installations… Bref.
Les artistes de l’âme mais pas du 9h-17h.
C’est quoi un·e artiste du dimanche ?
Je vois passer beaucoup de contenus qui disent des trucs comme : “prenez vos rêves au sérieux”, “osez vous lancer dans votre passion” “c’est possible de vivre de sa musique / ses mots / son art” et je les crois.
Mais pendant longtemps j’ai aussi cru qu’il n’y avait que ça qui était légitime. Mon cerveau peut être assez binaire, et je me disais que les “vrais” artistes, c’est celles et ceux qui ne peuvent rien faire d’autre. Qui sont tellement portés par l’évidence de leur art qu’ils se sentent incapables d’avoir “un vrai job”.
Et comme je voulais créer aussi, je croyais que le but c’était de devenir comme elleux. Mais c’était pas vrai. Oui, j’ai un désir de créer, j’adore me perdre dans la poésie, l’écriture créative. Je rêve de m’y connaître de plus en plus en storytelling pour que mes histoires emportent les lecteur·ices et moi même. Je veux que ces Love Notes te donnent envie de les partager à tout le monde parce qu’elles sonnent juste et qu’elles sont bien écrites.
Mais je n’ai pas envie de faire ça tout le temps. J’aime avoir un job, une vie professionnelle différente. J’aime ce que je fais à côté de mon art. Mon autre job. Les gens que j’y rencontre, les questions que je m’y pose. Les absurdités que j’y vois aussi.
C’est fertile pour moi d’avoir ces deux mondes dans mon quotidien.
Je suis une artiste du dimanche, et j’aime ça.
Artistes du dimanche, je nous aime
Si je devais donner une première définition, je dirais q’un·e artiste du dimanche, c’est quelqu’un qui veut avoir une vie artistique passionnante, sans en faire son métier.
Ça demande une sacrée dose de passion et d’envie pour passer du temps à créer quand le reste du monde se repose ou se divertit. De passer ses soirées à bosser son opus magnus, sans savoir si on sera publiée un jour, sans avoir souvent de formation ni de communauté pour soutenir ces projets de coeur.
Comment savoir si tu es une artiste du dimanche ?
Si on regarde nos instagrams, on trouve un feed rempli de motivation, d’art qu’on admire, de phrases et de cours de nos artistes et écrivain·es préféré·es. Domestika nous pousse plus de pubs que n’importe quel produit à la mode. Nos tiroirs sont des coffres à trésor d’outils plus ou moins étranges, témoins de nos explorations et passions (plus ou moins) fugaces. Quand on est en vadrouille, on peut nous trouver en train de collecter d’étranges tickets, de sortir nos carnets au milieu de nulle part pour noter une tournure de phrase ou un titre de livre dont on veut se souvenir. La galerie photo de notre téléphone, d’ailleurs, contient sans doute plus de captures d’écran de choses qu’on a trouvées belles et de livres qu’on compte lire un jour que de photos de nos proches (sorry!).
Les gens qu’on préfère sont ceux avec lesquels on peut truquer joyeusement, chacun dans son monde, sans avoir besoin de remplir le silence. On nous voit parfois regarder dans le vide pendant plusieurs minutes. Pas la peine de nous interrompre, on ne phase pas, on est probablement en train d’accoucher d’une révélation ou de retravailler une tournure de phrase dans notre tête.
On n’a pas envie de montrer nos travaux tant qu’on n’est pas prêt·es, et des fois on attend trop longtemps et on n’ose plus, mais on peut mettre des tunnels sur nos obsessions du moment (faut pas hésiter à nous couper, on ne se rend pas compte que tout le monde cherche la sortie de secours).
Parfois on se sent seul·es, on se demande si ça sert à quelque chose de faire tout ça alors que personne ne nous a rien demandé et qu’on n’a pas fait d’école d’art. Mais on ne peut jamais rester loin de nos créations trop longtemps, et on finit toujours par y revenir, parce qu’on est inexplicablement heureuses les mains dans les mots ou dans les pots de peinture.
Cet appel, il n’est pas moins légitime que celui de créer à plein temps, ou de faire de son art une carrière. Est-ce que c’est possible de devenir artiste full-time ? Je crois que oui. C’est dur mais c’est possible.
Est-ce qu’on doit toustes faire ça ? Non.
Prendre soin de son artiste du dimanche
Que tu te reconnaisses dans cette description ou que tu partages la vie d’un·e artiste du dimanche, voici quelques recommandations pour en prendre soin :
Lui faire de la place (en temps et en espace).
Je me souviens d’un podcast sur les relations non-monogames où un mari et une femme décident d’ouvrir leur couple, et au bout de quelques rendez-vous, elle se rend compte qu’elle n’a pas envie d’avoir des relations avec d’autres mecs, elle a envie d’avoir une relation artistique avec elle-même. Elle se crée un studio dans un coin de chez eux, et pendant que lui explore sa sexualité et sa sensualité, elle explore ses envies artistiques.
En entendant ça, j’étais fascinée par cette femme et sa capacité de s’écouter. Je sentais que ça résonnait fort pour moi : si je m’accorde du temps “romantique” ou “séduction”, je veux séduire les livres ou créations que je pourrais faire sortir de moi. L’idée d’emmener mon artiste intérieure en date, ça me fait spontanément très envie.S’enthousiasmer pour les nouveaux projets (même s’ils ne durent pas)
J’ai tendance à développer des passions aussi intenses que fugaces pour des sujets (la photo ! les zines ! le collage ! le dessin ! l’aquarelle ! le graphisme ! Publisher !…). Certains sujets font des tours et reviennent régulièrement. Par exemple je dessine souvent, et je suis toujours attirée par les oeuvres qui mélangent images et texte. L’exploration et les chemins de traverses font partie intégrante de la joie artistique. Je sais que certaines passions vont durer et d’autres feront un passage éclair dans mon paysage, mais toutes me nourrissent. Et le tri se fait tout seul, au bout d’un moment. Enthousiasme-toi pour tes envies, collecte-les, documente-les. Il y a quelque chose à apprendre et à garder dans toutes ces passions.Mener des projets au bout
C’est vraiment le pendant du numéro 2 : quand on a peu de temps disponible, on peut aussi se perdre dans d’éternels chemins de traverse et avoir l’impression de ne jamais progresser, ce qui engendre des baisses de confiance, de motivation, et des crises qui ne sont pas au bon endroit. Je suis loin d’être parfaite là dessus, mais je constate que dès que je mène mes projets au bout, j’apprends beaucoup, ça renforce mon goût, mon envie et ça m’apprend à persévérer. Quel qu’il soit, choisis un projet et mène-le au bout. Tu peux garder en parallèle les explorations qui te nourrissent, tout en sachant qu’un projet ira à son terme. Et c’est utile d’apprendre à se poser des deadlines pour se motiver.Trouver son rythme
Les propositions que je mets ici sont des choses qui m’ont aidée, mais ne sont pas applicables à tout le monde, en tous temps. Ce qui est important, c’est de développer cette écoute qui nous permet de savoir ce qui est bon pour nous, et d’ajuster. Le corps humain est en déséquilibre permanent, c’est comme ça qu’il avance, et c’est pour ça que les solutions d’hier demandent parfois à être réinventées. Personne n’a la réponse parfaite pour toi, mais tu as toujours la possibilité de tester et d’ajuster.
Prendre soin de sa santé
Dans une vidéo Youtube, j’ai entendu cette phrase “Les gens qui ont la santé veulent des millions de choses, les gens qui n’ont plus la santé, n’en veulent qu’une”. C’est un peu dramatique comme formulation, mais pour l’avoir vécu en miniature l’an dernier en me cassant la cheville, c’est certain qu’un corps en bonne santé offre une tranquillité d’esprit et une disponibilité qu’on n’a plus quand on doit passer du temps en rééducation, examens, attentes, traitements longs et effets secondaires surprises. Dormir, manger ce qui te convient, bouger. Ouais j’arrête on va finir dans un clip des recommandations du gouvernements sur une pub pour des buenos…S’entourer d’autres artistes du dimanche
C’est mon souhait qu’on forme ici une communauté d’artistes du dimanche pour se soutenir, croire en nous, et ensemble, permettre à chacun·e de révéler ses talents et de s’éclater avec. Je veux que des livres, des expos, des soirées slams, des shows, des chaînes youtube et des installations éphémères naissent de cette communauté. J’adore déjà ce qui se passe dans notre challenge de 100 jours, un simple groupe whatsapp avec un sondage chaque jour,et des discussions sur nos projets, blocages, etc. Grâce aux Love Notes j’ai aussi trouvé mon premier groupe d’écriture. Ce n’est pas un fantasme qu’on fasse communauté c’est déjà en train se faire !
Cherche autour de toi, mets un appel dans les commentaires, fouille dans ta ville, il existe des ateliers partagés, des soirées scène ouverte, des clubs d’écriture ou de photo, de zines. Il y a forcément un endroit où les artistes comme toi cherchent leurs pairs.
C’est tout pour moi, mais je suis curieuse de savoir : est-ce que ce concept d’artiste du dimanche te parle ? Si oui, qu’est-ce que tu aimerais trouver dans ces Love Notes (envoie ou commente tout ce qui te vient : des trucs les plus faisables aux idées les plus folles !)
Faisons de cet espace une célébration de nos créativités et de notre incroyable énergie à faire vivre l’art en parallèle de nos autres vies.
Je te souhaite une très belle semaine, à bientôt !
Laure




