Bonjour !
Ça fait une semaine qu’on a commencé notre challenge collectif de #finisher : 100 jours pour terminer un projet qui nous tient à coeur.
Il est toujours temps de nous rejoindre, toutes les infos sont dans le post ci-dessous :
Puisqu’on est dans le mood de finir, j’ai envie de lancer la discussion entre nous : comment on sait si on s’acharne ou si on doit persévérer ?
Dans les moments difficiles, il y a ce tiraillement intérieur : est-ce que ça vaut le coup de souffrir ou est-ce que c’est le moment de lâcher ?
“ça” pouvant être : la relation qu’on entretient depuis des années, et qui n’a plus le goût ni de l’amour ni du soin ni même du rassurant du quotidien ; le projet de livre, de film, d’entreprise qui nous tient au coeur et nous vide les tripes en même temps ; le job qui paye les factures mais qui n’a plus de sens, etc, etc.
Dit comme ça, la réponse semble évidente : faut partir.
Mais on a aussi toustes autour de nous les histoires de celle et ceux qui ont choisi de persévérer et qui ont retrouvé la lumière de l’autre côté du tunnel, la guérison ou la révélation. Si je regarde autour de moi :
Tessa Hulls, journaliste et dessinatrice, vient de publier ses mémoires Feeding Ghosts après 10 ans dont elle dit ouvertement que “ça a failli la tuer”. Son livre a reçu les prix les plus prestigieux aux Etats-Unis (dont le prix Pulitzer, un des prix que je trouve les plus impressionnants), et elle s’est libérée des fantômes qu’elle a exploré.
Une de mes copines a failli divorcer mais, de son propre aveu, n’a pas pu car elle n’avait pas assez de sous pour le faire, alors elle est restée, et ils ont traversé leurs difficultés et maintenant leur couple va mieux que jamais.
Dans mon boulot : accompagner des entrepreneurs, il y a des milliers d’histoires d’échecs à répétition qui se transforment en success stories à force de persévérance.
Ce sont aussi ceux qui survivent qui racontent les histoires inspirantes. Ceux qui n’ont pas fini leur livre, ont fermé leur boîte sans avoir gagné un copec, ou se sont séparés après 10 ans d’agonie ne sont pas aussi agréables à entendre, ou bien on ne sait même pas qui iels sont.
Alors comment on sait si on s’acharne ou si la lumière est au bout du tunnel ?
La réponse est, bien sûr, qu’on ne sait pas, et c’est ça qui est excitant (et terrifiant).
Petite tangente pour illustrer pourquoi c’est important qu’on ne sache pas : l’autre jour avec mon amoureux on tirait des cartes d’un jeu de conversation, et on tombe sur la question : “Si tu pouvais aller te voir à la fin de ta vie et savoir une chose sur ce qui vient, ce serait quoi ?”
La tentation évidente, c’est “est-ce qu’on finit notre vie ensemble ?”
Mais en prenant 1 minute pour y penser, on s’est dit qu’on ne voudrait pas savoir. Parce que si c’est le cas, on serait sans doute tentés de faire moins d’efforts, ou de prendre la relation pour acquise. Et si ce n’est pas le cas, ça donnerait un goût étrange aux moments à partager. Et savoir comment ça se finit ne dit rien de ce que ça a amené, des années lumineuses, ni même du sens que cette relation a.
On ne peut jamais savoir ce qu’une chose “vaut” a priori, sans la vivre. C’est comme ça qu’on peut profiter de la vie comme elle se présente.
Mais alors, quand est-ce que ça “vaut le coup” ?
Ça pose cette question de notre rapport à la valeur, et notre tendance à tout évaluer a posteriori. Qu’est-ce qu’on estime “vaut le coup” ? Est-ce qu’un truc qui va s’arrêter un jour vaut le coup ou pas ? Est-ce que vu qu’elle a un prix Pulitzer, Tessa a bien fait de donner 10 ans de sa vie à ce projet ?
L’un des pièges de cette question, c’est de mesurer la valeur par rapport à un résultat inatteignable ou très incertain : Est-ce que ça “vaut le coup” de passer autant d’heures sur son écriture si on n’est jamais publiée ? Est-ce que ça “vaut le coup” de se dépasser dans le sport alors qu’on ne va pas devenir athlète de haut niveau ? Est-ce que ça “vaut le coup” de traverser les moments difficiles à deux si on risque quand même de se faire larguer ou se souffrir à la fin ?
Il n’y a que toi qui peut répondre, mais je soupçonne que la réponse ne se situe pas dans un résultat futur qui justifierait tous les abus et la souffrance pour l’atteindre, mais plutôt dans un rapport au moment présent. L’amour de ce qu’on fait, des gens avec qui on est, de ce que notre corps nous permet est un meilleur guide que la reconnaissance future ou la fin de l’histoire. Et puis tout simplement ce qui est possible et vrai dans le moment.
J’aime écrire. J’ai envie d’apprendre à tisser des histoires qui me touchent et qui m’amusent. Et pour ça, j’ai besoin d’un système.
J’aime bouger mon corps. Le sentir fort et capable de faire des choses. Et pour ça j’ai besoin de le faire bouger, et de l’écouter, même certains jours où je préfèrerais rester au lit. Et parfois je reste au lit aussi.
J’aime mes amis, et mon amoureux, et j’ai envie de voir ce qu’il y a de l’autre côté de mes trouilles, des discussions plus difficiles et des incertitudes.
Et parfois il faut lâcher, parce que c’est pas le moment, parce que ça force trop, parce qu’en fait, on n’a pas assez envie. Ça ne fait pas de nous des lâches, des faignasses ni des incapables.
C’est aussi un privilège de se poser ces questions, et d’avoir la place d’y répondre. De pouvoir se planter sans que ça nous coûte la vie. C’est une chance que peu de personnes ont, finalement. Des problèmes de riches. Sans se flageller, ça fait du bien de remettre ça en perspective aussi. Dans ces périodes tendues de repli, de haine, je trouve ça encore plus important de faire de la place à l’art, à l’expression, à l’empathie, à l’écoute. A tout ce qui ramène à notre humanité, dans sa faiblesse et sa bêtise et son absurde beauté.
Le goût de l’effort
Il y a un goût dans le fait de faire des choses difficiles qui est délicieux aussi. Un plaisir qu’on trouve uniquement de l’autre côté des moments où on avait envie d’abandonner et on ne l’a pas fait. C’est même sur ça que sont basés tous les jeux de société et jeux vidéos : cet endroit magique où tu n’y arrives pas du premier coup, mais si tu continues, tu acquiers des compétences et tu peux avancer.
On peut s’entraîner, petit à petit, à reconnaître cette zone où c’est juste assez dur pour nous faire progresser, et assez agréable pour continuer longtemps, et créer un cadre pour soi même qui nous pousse sans nous vider. Il prend des allures différentes selon les sujets et les projets.
Le challenge qu’on est en train de faire peut aussi nous offrir ça : un cadre pour s’observer, pour voir ce qui se passe quand on pratique chaque jour, pendant une période assez longue. Il y a obligatoirement des jours où on n’a pas envie de s’y mettre, où on questionne tout le processus. Pour 100 jours, on peut voir ce qui se passe si le fait quand même.
La régularité offre un terrain de jeu qu’on ne découvre pas si on ne joue qu’une fois de temps en temps. Ou si on laisse les projets en plan et qu’on ne les emmène pas au bout.
Dans les 10 jours qui viennent, je t’invite à découvrir ton système : qu’est-ce qui fonctionne pour toi quand tu veux accomplir quelque chose qui prend du temps et qui est difficile ? Il peut changer pour chaque projet, mais il y a sans doute des ingrédients récurrents.
Si ça t’intéresse de creuser, tu peux te poser avec ces questions :
Quand as-tu senti, dans ta vie, que persévérer était une bonne chose ? Fais la liste
Quel goût ça avait, ce genre d’effort là ?
Quand as-tu l’impression d’avoir forcé plutôt que persévéré ? Fais la liste
Qu’est-ce qui était pareil et différent avec ces cas là ?
Partage nous en commentaires ce que tu découvres, ou simplement tes retours sur ces premiers 10 jours de challenge.
Bonne semaine à venir,
Laure
PS : je comptais écrire une love note toutes les semaines, mais c’était impossible cette semaine et j’ai privilégié mon roman. Donc je vais plutôt partir sur une tous les 10 jours. 100 jours de challenge : 10 love notes pour accompagner notre fin d’année !