Ecrire un livre d'images et de mots - Semaine 1
Où l'on goûte à notre super pouvoir
Bonjour Courageuse Créatrice,
C’est le premier jour de notre programme ! Pendant les 8 semaines qui viennent (dont celle-ci), tu recevras chaque semaine un article avec une proposition d’exploration ou d’exercice, pour mener à l’écriture et la mise en page de ton propre petit livre d’images et de mots.
J’ai très envie de partager aussi pourquoi je crois dans ce format de petit livre et tout ce qu’il peut apporter, mais ce sera l’objet d’un autre article, pour le moment, plongeons dans notre première semaine.
Les contenus seront disponibles pour tou·tes, les exercices et commentaires seront réservés aux abonné·es.
Les exercices seront suffisamment cadrés pour tout faire en quelques minutes par semaine, et suffisamment élastiques et riches pour y passer plonger plus profondément si tu as la possibilité et l’envie.
Pour les abonnées du dernier niveau (les Soooo Amazing Lovers), il y aura même des audios et une rencontre en live ! Merci pour ton soutien, pour le moment c’est la seule façon de donner pour apprécier mon travail sur ce site, et chaque abonnement fait faire de petits bonds à mon coeur.
A tout moment si tu as envie de nous rejoindre, c’est ici pour choisir ou changer ton abonnement :
Dans tous les cas, on est parti·es pour 8 semaines de création et d’explorations ensemble !
Et on commence en beauté avec un sujet que j’adore :
Celle qui le dit merveilleusement bien, c’est l’artiste pop Corita Kent :
Je n’enseignais pas l’art, j’enseignais l’attention.
En anglais elle utilise le mot care qui a aussi le sens de prendre soin, accorder de l’attention, faire attention.
Parenthèse linguistique : en français je suis moins fan de la connotation dangereuse de “l’attention”, qui fait plus penser à “Fais attention !” que ce que donnerait l’anglais “Prends soin” (Take care). Parenthèse de nerd des langues refermée 🤓 (pour le moment).
Pour écrire ce petit livre d’images et de mots, on va passer des semaines à expérimenter et à jouer, peut-être avec des choses qui te sont moins familières, et t’emmener dans des espaces nouveaux : c’est le but !
Et mon hypothèse pour commencer, c’est que la chose la plus importante que tu peux faire pour toi-même, et pour écrire ce livre, c’est de développer ton attention.
Mais qu’est-ce que ça veut dire concrètement, développer son attention ? Je vais proposer une pratique pour ça, mais d’abord, rentrons un peu plus en détail sur ce que j’entends par cette histoire d’attention, comme ça tu pourras aussi trouver ta façon d’y aller.
L’attention, c’est quoi en fait ?
La porte vers le Mystère
La première raison pour laquelle j’ai envie de commencer par là, c’est que c’est une façon très simple d’entrer en contact avec la magie et le mystère, d’apprécier à quel point on ne comprend rien. On ne comprend pas un arbre, on ne comprend pas un rein. On peut dupliquer certaines choses en copiant de notre mieux, mais on ne “comprend” pas avec notre tête la quasi totalité de ce qui nous entoure.
L’attention, c’est la porte pour pénétrer dans ce monde où on n’a pas besoin de comprendre. Quand tu es touchée, fascinée par une plante, un autre humain, ou un évènement, tu n’y es pas avec la compréhension, mais avec le coeur, la présence, peu importe comment on veut appeler ça. Porter vraiment son attention sur quelque chose ou quelqu’un, c’est aller à cet endroit là directement.
Moi ça me donne l’impression d’être transportée dans une pièce où il n’y a plus que moi et ce que je suis en train d’observer ou d’écouter. Je sens petit à petit la tête lâcher prise et je plonge dans un espace d’intimité avec l’autre. Le temps ralentit, je goûte ce qui est là. Je ne parle pas d’une expérience transcendante à chaque fois : parfois je m’ennuie, parfois je suis surprise, parfois c’est très frustrant, parce que j’ai l’impression de rester à la porte de cette pièce, et puis parfois c’est fascinant, comme ouvrir des poupées russes et découvrir de plus en plus de finesse et de beauté.
Dans tous les cas, l’attention ouvre une possibilité : celle de la rencontre, de l’inconnu.
Ton goût et ta voix
Le deuxième point qui va nous intéresser, c’est que l’attention parle directement de notre goût, et va venir nourrir ce qu’on crée. Si on demande à 10 personnes qui se tiennent dans la même pièce de nous décrire l’endroit, personne n’utilisera les mêmes détails, les mêmes mots. Soi-même d’un jour à l’autre, on ne décrirait pas la pièce de la même façon, selon notre état intérieur, ce qui nous préoccupe, ce qui nous fascine à ce moment là.
Dans le groupe d’écriture auquel je participe, je suis toujours touchée par les couleurs de chacune, qui jaillissent même avec des exercices très simples. On n’interprète pas les instructions pareil, on n’a pas les mêmes façon de décrire, de prendre un sujet, de lui donner vie. On n’est pas intéressées par les mêmes choses, formées aux mêmes choses... Tout notre monde apparaît même dans des exercices très simples, et notre attention nourrit directement notre écriture.
Plus largement, ce à quoi on fait attention construit le monde dans lequel on vit, c’est le point de rencontre entre l’intérieur et l’extérieur.
Ce qui est puissant c’est que c’est à la fois spontané, mais c’est aussi un outil pour développer sa technique, si on le souhaite. Faire attention à ce qu’on lit, à ce qui nous attire, à ce qui nous repousse, à ce qui nous nourrit ou nous épuise, ça vient affûter notre curiosité et notre créativité (et c’est joyeux).
C’est aussi un endroit pour développer la confiance en son intuition et son regard.
Justement, ce qui est spécial et précieux chez toi, c’est ce que tu pourrais vouloir inconsciemment gommer parce que c’est “bizarre ou différent”.
Ci-dessous j’ai pris en photo un passage du livre de Robin Wall-Kimmerer, Tresser les herbes sacrées où elle explique comment son goût clashait avec ce qu’on attendait d’elle à l’université. C’est pourtant ce qui fera la spécificité de sa carrière et de son message, et l’un des thèmes centraux de ses livres : le pont entre son regard scientifique et son goût pour la beauté et le mystère du vivant.
C’est une démonstration très concrète de ce que j’entends par l’attention (et de comment on apprend à s’y fermer et à douter de soi si on n’en prend pas soin) : elle se pose des questions qui viennent de son intimité avec la nature, qui laissent ses collègues de l’époque indifférents. Saupoudre le tout d’une bonne dose de sexisme et racisme, ils lui disent donc que c’est elle qui n’est pas à sa place, alors que c’est cette qualité d’attention et ses questionnements intimes sur les plantes qui feront sa renommée (ha!).
De l’amour
Enfin, le troisième point sur lequel je voudrais qu’on s’arrête, c’est que l’attention, c’est de l’amour. Ça vaut pour les plantes, les humains, les animaux, mais aussi pour nos pensées, nos émotions, notre monde intérieur.
Porter son attention sur quelque chose demande d’y passer du temps, de trouver un espace en soi pour accueillir ce qu’on observe, écoute ou apprivoise. On peut commencer par ce qu’on aime, c’est très naturel et simple, mais mon expérience m’a aussi amenée à la conclusion que l’attention est une forme d’amour. Quand on prend le temps, peu de choses résistent à notre capacité à aimer.
Ça ne veut pas dire apprécier, valider, ou trouver bien. C’est une forme d’amour plus directe et ouverte, comme celle dont parle Robin Wall Kimmerer dans son livre.
C’est un cadeau qu’on s’offre d’abord à soi, quand on se laisse toucher par cet amour, parce que ça nous emmène dans un endroit au delà des jugements, croyances, différences et discriminations qu’on nous a enseignés et transmis, dans un espace de ressource et d’ouverture qui est propice à la création, mais aussi au repos et au jeu. Ça peut aussi être un espace de soin pour soi-même : cet amour sans condition, il nous englobe, même si c’est souvent plus difficile de se l’appliquer que de l’offrir à l’extérieur.
Pendant ces 8 semaines, je vais donc orienter les contenus et les propositions dans ce sens : aller toucher cet espace, l’apprivoiser jusqu’à s’y sentir à l’aise, et avoir du plaisir à y passer du temps. Le processus, dans la création, est largement aussi important que le résultat.
Les conditions de l’attention
Quelles sont les conditions pour se rendre dans cet espace d’attention ? En voici quelques unes pour se lancer.
La liste qui suit n’est pas là pour poser des conditions et commencer à se dire “ah non mais c’est trop compliqué, je vais pas y arriver”. Vois-la plutôt comme un calendrier de Noël, avec des surprises nouvelles tous les jours.
Voici un choix de portes derrière lesquelles tu peux accéder à ton espace d’attention (et tu rajouteras les tiennes au fur et à mesure de tes explorations).
Mets-y :
Du temps (pour s’arrêter)
De l’espace (pour entendre)
Du silence (intérieur surtout)
De la curiosité (on ne sait jamais ce qu’on va découvrir)
De la patience (les moments d’attente “obligés” sont parfaits pour cultiver ça)
De l’ennui (il faut parfois être capable d’aller de l’autre côté
De l’envie (du coup c’est mieux d’avoir envie pour ça)
De l’impertinence (pour oublier ce qu’on t’a entraîné·e à voir)
Des outils (pour reproduire, imiter, dessiner, recopier…)
De la répétition (étrangement, l’attention se muscle, mais elle est aussi toujours fraîche, donc on peut répéter et jouer à l’infini)
Des instructions claires (ou pas)
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à Les Love Notes pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.