Aujourd’hui on va faire un exercice que j’aime beaucoup. Il est inspiré de Marie Howe, poétesse américaine, et repris par ma mentore Jeannine Ouellette qui l’appelle shimmers and shards. Je l’appelle l’écriture plate.
Pour moi c’est la méditation de l’écriture : la pratique que tu peux faire n’importe quand, n’importe où, dans ta tête ou sur un bout de papier ou même dans l’application prise de note de ton téléphone.
C’est une pratique simple, extrêmement flexible et fluide qui peut t’emmener dans des endroits inattendus. Ça développe deux des compétences clés de l’écriture (et de la vie) : l’attention, et la présence.
Les instructions sont simples :
Où que tu sois, mets un timer de 5 minutes
Laisse ton regard se poser sur ce qu’il repère
Ecris ce que tu vois / entends / goûte / sens sans fioritures : pas de comparaison, pas de jugement, pas de monologue intérieur, pas d’images. Juste la chose, brute, telle qu’elle est
Ne cherche pas à faire des phrases ou écrire des choses incroyables. Ecris le plus plat possible.
Par exemple : une bouteille de coca zéro vide qui bouge sur la table quand je tape à l’ordinateur. Une rangée de chaises en plastique blanc et gris, les armatures en bois, une silhouette de bouteille de soda imprimée sur le dos de chaque chaise. Une corbeille en carton blanc, bleu vif, bleu foncé. Un sac plastique déborde sur les côtés, les initiales FDJ apparaissent sous le plastique transparent.
Note : je relis ce texte que j’ai écrit il y a cinq jours, et je revois la scène. Les quelques minutes que j’ai passées à écrire ces phrases m’ont créé un lien avec la scène, le lieu. Alors que je serais incapable de te décrire la couverture du livre que je suis en train de lire et que j’ouvre plusieurs fois par jour. L’écriture plate est une pratique clé, à condition d’y jouer sans ambition.
J’ai adoré cet exercice ! Simple, limpide et qui rend le moment très poétique.
Cet exercice est très proche à la pratique du carnet de voyage , ou plutôt de l’urban sketching : ce qu’on voit, rien que ce qu’on voit, tout ce qu’on voit. L’effet est le même : les souvenirs sont ancrés d’une manière extraordinaire.