C’est notre 8ème jour dans ce challenge, tu peux-tu le croire ?
Quelle aventure merveilleuse ça a été de créer et d’animer ce challenge. J’ai beaucoup appris en préparant les différents exercices, et ça m’a amenée à jouer avec ma propre relation à ma créativité. Grâce au challenge, je suis partie à fond avec les propositions de dessins de Linda Barry, et j’ai créé des souvenirs très vivants avec l’écriture plate.
Aujourd’hui on retourne à une écrivaine et professeure qui m’accompagne de près depuis 1 an : Jeannine Ouellette.
Elle a lancé un challenge cet été, « Étranges Contenants », dans lequel elle nous invite à jouer avec les formats, les contenants, pour créer des textes inattendus, ou pour aborder des thèmes ou des émotions plus difficiles d’accès.
J’ai expérimenté de nombreuses fois à quel point les bonnes contraintes en écriture permettent d’aller au coeur de ce qu’on veut écrire, ou au moins de le découvrir. Je crois aussi beaucoup au pouvoir du bon contenant pour faire sortir un texte. C’est d’ailleurs en trouvant le bon contenant que j’ai fini mon premier manuscrit cet été.
On pourrait penser que c’est un « truc » et que ça n’a pas autant de valeur qu’un vrai texte original, quand on part d’une contrainte ou d’une forme prédéterminée, mais :
On reconnaît bien là le ton de notre censure, qui juge et protège mais qui n’est pas une porte d’entrée vers notre créativité
Ce serait ignorer quasiment toute la poésie, mais aussi l’intégralité de la musique, qui s’appuie, même en improvisation, sur des progressions d’accords, de motifs harmoniques, sans parler du classique dans lequel justement on joue dans des formes lourdement contraintes.
En conclusion : c’est un mensonge. Et je dirais que la recherche d’originalité est à renvoyer au même endroit que la recherche d’être un·e génie : aux chiottes.
Notre exercice du jour s’appuie sur une forme qui nous est très familière : la liste. On a déjà fait des listes : de courses, d’invité·es, de choses à faire, de pour et de contre etc… C’est déjà un format qui est très flexible et peut accueillir des contenus de tous types.
Une liste de pour et contre un déménagement ne nous raconte pas la même histoire qu’une liste d’invité·es. La liste des personnes à prévenir d’un enterrement n’est pas la même qu’une liste d’invités à un mariage annotée (Ne pas asseoir à côté d’Émilie - Table d’honneur - Table des cousins - A asseoir où ??…).
On le voit : la liste a le pouvoir de nous raconter une histoire et de nous plonger dans un monde de tensions, de mystères, en quelques bullet points. Quel pouvoir !
Pour notre pratique du jour, on va donc faire une liste.
Les instructions sont très simples : choisis une histoire, une scène, ou bien une personne sur laquelle tu as envie d’écrire, et puis écris la sous forme de liste. Ne cherche pas à faire un effet de style, laisse le contenant (la liste) te guider dans l’écriture.
Si tu veux de l’inspiration tu peux prendre ces listes :
Liste des choses improbables qui te passent par la tête alors que tu vis un moment important
Liste des objets dans ton champ de vision lors d’un évènement (ex : liste des choses sur le bureau du proviseur pendant qu’il t’annonce que tu es virée)
Liste des utilisations possibles d’un objet
Liste des choses à préparer pour le premier dîner avec une personne que tu aimes
Liste des personnes à ne pas inviter à ton anniversaire
Liste des passages à l’hôpital ou des blessures / maladies que tu as eues
Liste des phrases les plus incroyables que t’ont dit tes enfants (ou ceux des autres)
Liste des villes dans lesquelles tu as habité ou que tu as visitée
Liste des villes dans lesquelles des gens que tu aimes vivent
…
Fais confiance au contenant et au pouvoir de la liste, laisse-toi surprendre. Plus tu lâches la bride sur cet exercice, plus tu peux être étonné·e de la puissance de ce qui va sortir. Et si ce qui sort est plat ou banal, alors continue. Dépasser nos automatismes et nos rigidités, ça demande du temps, et c’est normal.