Bonjour Tortue Terrifiée,
Dans cette Love Note :
J’explore la relation entre la peur et le courage, et comment continuer à créer et avancer quand ça fout les chocottes
C’est demain !!
Mardi 26 mars à 12h on a notre premier atelier pour abonné·es : Dépasser les blocages et la page blanche. L’idée c’est de passer 30 minutes à redécouvrir la joie pure d’écrire et de créer, de se sortir de ces vieux mécanismes de trouille et de censure. Puis il y aura 30 minutes pour le partage, les questions réponses pour celles qui veulent faire durer le plaisir. J’envoie le lien demain matin à tou·te·s les abonnné·es, il est encore temps de nous rejoindre si tu as envie !
En ce moment, j’ai souvent la trouille : j’ai l’impression d’avancer dans un monde inconnu, sans repères extérieurs et avec peu de repères intérieurs. C’est inconfortable, cet espace de ne pas savoir, et en même temps c’est un moment de grande ouverture et de possibilités.
Comme je suis souvent terrifiée dans les périodes de changement ou les aventures que je mène, ça me fait rire quand on me renvoie que je suis courageuse, ou que des amies me disent “quand j’ai un doute je me dis : ‘Que ferait Laure dans cette situation ?’” (la réponse est probablement : paniquer et y aller quand même, en envoyant 300 messages et en appelant tous les deux jours pour être rassurée).
Déjà plus jeune la panique et le courage se pointaient ensemble : j’avais terriblement envie voyager solo à l’étranger, pourtant la première fois que je suis partie, j’ai pleuré tous les soirs une semaine avant tellement ça me foutait les jetons (et la deuxième fois à peu près pareil, et la troisième fois pas beaucoup mieux).
Et puis sur place, ça n’a pas été que du bon temps, je ne peux même pas dire que j’ai développé une passion pour les voyages solos sac à dos, en réalité j’apprécie plus les aventures en petit groupe ou à deux, mais je sais aussi que si j’ai besoin ou envie de partir seule quelque part, ce n’est pas un problème.
Pareil pour habiter seule, ou déménager : j’ai changé de ville et habité seule plusieurs fois dans ma vie, et j’ai trouvé ça dur mais aussi très chouette. Ça m’a montré les endroits où je choisis d’avoir de la compagnie, et les endroits où j’ai juste peur de la solitude.
Et puis il y a les endroits où je peux reconnaître le courage a posteriori : j’ai quitté la maison de mes parents à 16 ans et j’ai du me débrouiller toute seule à la seconde où j’ai eu mon diplôme. J’ai fait des études difficiles, en sortant d’un lycée de province et sans connaître les codes des grandes écoles. J’ai remboursé une dette qui n’était pas à moi dès le début de ma vie professionnelle. J’ai créé des projets, des associations, j’ai monté une entreprise sans expérience et sans back up. J’ai tout quitté pour m’installer en Belgique, à Lyon, et finalement dans le Sud et je ne connaissais souvent personne avant d’y aller. J’ai eu peur de changer de carrière, j’ai eu hyper peur de monter mon entreprise, puis de la fermer. Et j’ai changé de carrière, et monté une boîte, et je l’ai fermée.
Et j’ai peur maintenant, alors que je sens l’appel de créer et de transmettre autour de l’écriture et de la création de petits livres.
Il y a la peur qu’on doit affronter quand on fait les choses justes pour soi, et je crois qu’on ne peut pas faire l’économie de ça. C’est le lot des trouillardes courageuses.
Je ne peux pas dire que c’est simple, souvent j’aimerais avoir une carrière plus tracée, ne pas avoir changé d’avis, ou pas si tard, ou pas comme ça, mais je sais aussi que ces peurs là apparaissent parce qu’il y a de l’incertitude, qui est un terreau de fantasme sur “la vie idéale” très efficace. Mais il y a aussi la réalité du courage et du fait que personne n’a les réponses. On s’accroche aux jugements quand on recherche de la sécurité aux mauvais endroits.
Comme dit Glennon Doyle : “On peut faire des choses difficiles”. Si tu regardes ton parcours, tu trouveras aussi 1000 couleurs de ton courage dans tes choix.
On apprend à se faire petites pour être aimées
J’aimerais aussi dire qu’avec le temps la peur s’en va et que ça devient paisible, on “s’entraîne à être dans l’inconfort” comme j’ai déjà entendu à droite à gauche, mais ce n’est pas mon expérience. L’inconfort m’est toujours aussi inconfortable et me donne toujours autant envie de me barrer en courant. Des fois j’ai l’impression que c’est plus facile pour d’autres, mais comme je ne suis pas dans leur slip, en réalité je n’en sais rien.
Par contre, j’ai remarqué que je peux avoir deux types de relation avec la peur : je peux me faire petite, la laisser devenir qui je suis et ce que je vis dans le moment, tout en essayant par tous les moyens de la faire disparaître, ou bien je peux m’élargir, la laisser être là sans la jeter, accepter l’inconfort comme une part nécessaire de mes choix et de mes envies d’exploration.
Dans un cas je m’agite, je cherche des solutions ou de la réassurance à l’extérieur, dans l’autre je m’assieds, je regarde ce dont j’ai besoin dans l’instant (et je peux quand même aller chercher du soutien ou de l’aide, mais en passant d’abord par l’intérieur). Ce n’est pas un mode d’emploi de vie, c’est une observation. Et parfois je me sens coincée dans la peur, et il n’y a rien à faire qu’attendre.
Depuis l’enfance, je suis entraînée à me faire petite pour être aimée. J’étais douée à l’école, mais j’étais aussi une des élèves les plus stressées, constamment persuadée d’avoir “raté”, comme ça je risquais pas de déchaîner trop de jalousie, plutôt de la pitié et des compliments.
J’ai pris l’habitude, en imitant ce que je voyais autour de moi, de confondre mon image et ma valeur avec les retours extérieurs. C’est inévitable, je pense, surtout pour les petites filles qui grandissent dans une société misogyne qui classe et déclasse les femmes comme des marchandises en fonction de critères absurdes et changeants. On croit qu’il faut mériter l’amour et c’est terriblement fatigant d’essayer, mais on essaye quand même, souvent inconsciemment.
On nous dit qu’il faut être fortes, et vulnérables, et belles (toujours, quoi qu’il arrive, belles), et jeunes et dynamiques mais pas trop impressionnantes, et pas soumises ou dépendantes mais pas non plus arrogantes surtout pas chiantes brillantes, avec un bon sens de l’humour positives tournées vers les autres mais auto suffisantes.
On croûle sous le poids de ces idéaux qui seraient inatteignables même avec 12 vies parallèles. Et c’est ça la bonne nouvelle.
Ce que tu sais
Parce que dans ces périodes de trouille et d’incertitude s’ouvre une porte vers l’intérieur. Quand rien d’extérieur n’arrive à calmer la peur, la seule solution c’est de plonger dedans. De retrouver sa sagesse intérieure, ou sa connerie intérieure, ou sa légèreté intérieure, en tous cas ce chemin vers l’intérieur qui sait, au-delà de la panique, ce qui est vrai.
Par exemple ce matin en finissant cette Love Note je sais :
Je sais que je n’ai plus besoin d’être petite pour être aimée.
Je sais que l’appel que je ressens pour la beauté, la nature et l’écriture sont à honorer maintenant.
Je sais que quand je suis dans l’amour, j’ai les “bonnes” réponses, même si elles ont l’air absurdes ou incohérentes pour d’autres parties de moi.
Je sais que c’est normal aussi de ne pas avoir les réponses, de tâtonner.
Je sais que le courage existe parce que la peur est là #clubdestrouillardescourageuses
Je sais que la panique est une illusion d’optique, aussi fragile et éphémère qu’un battement de cils.
Je sais que c’est un chemin qui demande de la douceur et de la patience, et que parfois je ne dispose d’aucun des deux (auquel cas un câlin, un bon livre et une barre de chocolat peuvent faire d’excellents ersatz).
Et toi, délicieuse trouillarde courageuse ? Qu’est-ce que tu sais maintenant ?
Bonne semaine et à demain pour celles qui y seront !
Laure
Merci pour cet article car je me reconnais dans ce post. Je suis dans une période où j'ai peur de lancer ma newsletter en français. Mais je sais que je vais le faire comme tu dis sans peur il n'y a pas de courage. Le faite d'arrêter d'imiter les autres trouver qui on est pour s'exprimer et d'arrêter d'avoir peur du jugement, demande du courage.